Coup de théâtre à Séoul : l’ancien président sud-coréen Yoon Suk-yeol, suspendu de ses fonctions depuis le 14 décembre dernier, a été arrêté ce mercredi 15 janvier, à l’issue d’un assaut spectaculaire sur sa résidence. L’opération, menée par des enquêteurs et des policiers déterminés, marque une étape clé dans la grave crise politique qui secoue le pays depuis sa tentative d’imposer brièvement la loi martiale le 3 décembre.
Dès l’aube, quelque 3 500 agents ont pris position autour de la résidence présidentielle, située dans un quartier huppé de Séoul. Cette mobilisation massive a permis aux forces de l’ordre de surmonter les barricades érigées par la sécurité du président suspendu, qui s’était retranché dans sa résidence. Après cinq heures et demie d’efforts, les agents ont pénétré dans le complexe pour exécuter le mandat d’arrêt.
« Nous avons procédé à l’arrestation de Yoon Suk-yeol à 01h33 TU », a annoncé l’équipe en charge de l’opération dans un communiqué. Refusant de porter des menottes, l’ancien président a tenté de négocier sa reddition, en vain. À 10h40, un convoi de police a quitté les lieux avec le chef d’État déchu à son bord.
Yoon Suk-yeol est accusé de « rébellion » pour avoir brièvement instauré la loi martiale en décembre, une décision qu’il avait justifiée par la nécessité de protéger la Corée du Sud contre des « forces communistes nord-coréennes » et des « éléments hostiles à l’État ». Cette mesure, qui rappelle les périodes sombres de la dictature militaire, avait été rapidement annulée sous la pression des députés et de manifestations massives.
Suspendu de ses fonctions par une motion de destitution adoptée par l’Assemblée nationale, l’ancien procureur est également visé par une enquête approfondie sur ses actions controversées.
Jamais un président en exercice n’avait été arrêté dans l’histoire de la Corée du Sud. Cette interpellation marque un tournant dans la crise politique, selon Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate, qui a salué un « retour à l’ordre constitutionnel, à la démocratie et à l’État de droit ».
Yoon Suk-yeol, quant à lui, a publié une déclaration vidéo dans laquelle il affirme se plier à l’enquête pour éviter une « effusion de sang malheureuse », tout en dénonçant son illégalité.
Le sort de Yoon Suk-yeol repose désormais entre les mains de la Cour constitutionnelle. Alors que le procès en destitution a débuté mardi, la juridiction a jusqu’à la mi-juin pour décider s’il doit être révoqué ou rétabli dans ses fonctions.
En attendant, l’ancien président peut être maintenu en garde à vue pendant 48 heures, une période renouvelable si de nouveaux mandats sont émis.
Cette affaire, qui mêle enjeux politiques, légaux et sociaux, continue de diviser profondément la Corée du Sud, où les appels au renforcement de la démocratie se multiplient.
Article écrit par : Badara Tall
Mis en ligne : 15/01/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.