Duduzile Zuma-Sambudla, fille de l’ex-président sud-africain Jacob Zuma, a été arrêtée jeudi et présentée devant un tribunal sous l’accusation d’incitation au terrorisme. Elle est soupçonnée d’avoir incité à la violence via des messages publiés sur les réseaux sociaux avant et pendant les émeutes qui ont secoué l’Afrique du Sud en 2021, faisant plus de 350 morts.
Membre du Parlement, Zuma-Sambudla a été relâchée après un avertissement, une procédure similaire à une mise en liberté sous caution sans paiement d’argent. Son affaire a été renvoyée à une juridiction supérieure et sera examinée en mars prochain.
Son avocat a admis qu’elle avait partagé des messages sur Twitter en rapport avec les émeutes de juillet 2021, mais a nié que ces messages incitaient à la violence.
Les émeutes de 2021 ont éclaté suite à l’incarcération de Jacob Zuma pour outrage à magistrat, après son refus de témoigner dans une enquête sur la corruption du gouvernement durant sa présidence (2009-2018). Ces troubles ont été parmi les plus graves de l’histoire de l’Afrique du Sud post-apartheid, marquée par des pillages, des incendies criminels et des destructions massives. Plus de 5 000 arrestations ont été effectuées, et les autorités estiment que les dégâts dépassent les 2 milliards de dollars.
Les autorités sud-africaines ont attribué ces émeutes à une insurrection fomentée par les partisans de Zuma, visant à déstabiliser le président actuel, Cyril Ramaphosa. À ce jour, plus de 60 autres personnes ont déjà été arrêtées pour leur rôle dans l’incitation à la violence pendant ces événements.
Zuma-Sambudla, âgée de 42 ans, est accusée d’avoir incité les manifestants à provoquer davantage de destructions en soutien à son père. Jeudi matin, la police l’a interpellée à Durban, dans l’est du pays, après une enquête complexe menée par l’unité d’élite de la police, les « Hawks », qui se spécialise dans la lutte contre la criminalité organisée.
Les procureurs affirment que les messages de Zuma-Sambudla publiés en juin et juillet 2021 avaient pour effet d’inciter à des actes de violence, constituant une menace pour la sécurité publique. L’enquête a été longue, en raison de la nécessité d’expertises en matière de réseaux sociaux.
Les émeutes, en plus d’être déclenchées par l’arrestation de Zuma, ont été exacerbées par une profonde frustration et une pauvreté croissante, exacerbées par les mesures de confinement liées à la pandémie de COVID-19.
L’arrestation de Zuma-Sambudla risque d’ajouter une nouvelle couche de tension à la politique sud-africaine, déjà marquée par des querelles internes entre les factions du Congrès national africain (ANC). La présence d’une forte escorte policière au tribunal de Durban, où Zuma bénéficie d’un soutien populaire important, témoigne de l’intensité de la situation. Le père de Duduzile Zuma-Sambudla était également présent, et ses partisans se sont rassemblés devant le tribunal pour manifester leur soutien.
Les accusations portées contre Zuma-Sambudla ont été interprétées par certains comme une tentative d’affaiblir l’opposition politique en Afrique du Sud. Le parti politique de Zuma, le MK, a affirmé que ces poursuites avaient des motivations politiques.
Jacob Zuma, quant à lui, nie toute malversation dans ses affaires judiciaires, qu’il considère comme étant motivées par des attaques politiques. Son propre procès pour corruption et fraude, lié à un contrat d’armement controversé des années 1990, se poursuit, après plusieurs reports.
Les turbulences judiciaires et les accusations de corruption qui pèsent sur Zuma et ses alliés ont alimenté la colère populaire, notamment en raison de l’effondrement des services publics pendant son mandat, qui a laissé de nombreux Sud-Africains confrontés à des défis quotidiens.
Article écrit par : Awa Sanga.
Mis en ligne : 30/01/2025
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