L’actualité serbe, avec la démission du Premier ministre Milos Vucevic après trois mois de manifestations massives contre la corruption, soulève une question pertinente et difficile : pourquoi un tel acte politique semble impensable dans de nombreux pays africains, où la corruption au sommet de l’État est souvent ignorée ou même protégée par les plus hautes autorités ? Si en Serbie, un Premier ministre décide de quitter ses fonctions face à la pression populaire, en Afrique, les dirigeants restent souvent accrochés à leur poste, malgré les scandales et les accusations de corruption.
Dans le cas de la Serbie, c’est une catastrophe tragique, l’effondrement d’un auvent à la gare de Novi Sad, qui a coûté la vie à plusieurs innocents, qui a mis le feu aux poudres. Les manifestations ont enflé, pointant du doigt la corruption et la négligence des autorités, accusées de mal gérer les fonds publics. Ce climat de mécontentement a poussé Vucevic à démissionner, non seulement pour mettre fin à la violence, mais aussi pour éviter une crise politique majeure. Le geste du Premier ministre est inédit dans une région où les dirigeants sont souvent accusés de corruption, mais rarement tenus responsables.
En Afrique, les scandales de corruption, bien que fréquents, ne semblent jamais entraîner la démission d’un Premier ministre ou d’un président. Les accusations pleuvent contre les membres du gouvernement, mais souvent, ces derniers bénéficient d’une impunité remarquable. Les raisons sont multiples : des systèmes politiques souvent autoritaires, un contrôle strict des médias et la manipulation des institutions qui permettent aux dirigeants de rester en place. Alors que des dirigeants africains sont fréquemment pris dans des affaires de détournement de fonds ou de mauvaise gestion, leur démission n’est que rarement envisagée, et encore moins exigée par la population.
Un facteur essentiel dans cette différence réside dans la force des institutions démocratiques. En Serbie, malgré le contexte nationaliste et autoritaire de la présidence d’Alexandar Vucic, la pression de la rue a conduit à un changement, ce qui reflète la vigueur relative des structures démocratiques. Dans de nombreux pays africains, en revanche, les institutions sont souvent fragiles, et le soutien populaire nécessaire pour faire pression sur les dirigeants n’atteint pas toujours une masse critique. Parfois, les citoyens, découragés par les échecs passés, ne croient même plus en la possibilité de changement.
La gestion de la corruption en Afrique est également compliquée par des réseaux de patronage et de clientélisme profondément enracinés, qui assurent aux dirigeants leur soutien, même face à des accusations graves. Les gouvernements africains trouvent souvent des moyens de maintenir une façade démocratique tout en protégeant des figures de proue corrompues. En d’autres termes, la démission d’un Premier ministre en Afrique serait perçue comme une fragilisation du pouvoir, ce que de nombreux leaders africains préfèrent éviter à tout prix.
Dans le même temps, la solidarité entre les élites politiques et économiques en Afrique permet de minimiser les conséquences pour les responsables corrompus. Les enquêtes sur la corruption sont souvent bâclées ou ignorées, et les rares tentatives de réforme se heurtent à des résistances internes. Ce manque de responsabilité est un problème majeur qui empêche la mise en place d’un véritable système indispensable pour freiner la corruption.
La démission de Milos Vucevic en Serbie doit être vue comme un signal fort de la capacité des citoyens à obtenir des comptes de leurs dirigeants. En Afrique, cependant, la route reste semée d’embûches. Pour que des changements similaires aient lieu, il faudrait renforcer les institutions, la liberté d’expression et la transparence. Mais aussi, plus que tout, une société civile active et déterminée à lutter contre l’impunité.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 31/01/2025
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