La transparence gouvernementale au Sénégal est un mirage pour beaucoup, particulièrement pour ceux qui se sentent abandonnés et ignorés par l’État. Dans les zones les plus reculées, les citoyens ne voient même pas la trace de l’État. Les promesses de transparence et d’accessibilité des informations semblent réservées à une élite urbaine qui bénéficie d’un semblant de gouvernance.
Pour les autres, l’État reste une entité lointaine, opaque et distante, une entité qui ne se manifeste que lorsqu’il s’agit de collecter des voix ou des fonds, mais qui disparaît dès qu’il s’agit de rendre des comptes.
Malgré les lois et réformes sur la transparence, il est évident que la plupart des citoyens n’en voient jamais les effets concrets. Dans les régions les plus pauvres, les services publics sont inexistants ou inaccessibles. Les actions gouvernementales ne se traduisent pas en améliorations tangibles pour les populations qui en ont le plus besoin. Les mécanismes de lutte contre la corruption, bien qu’annoncés en grande pompe, restent une promesse vide. Ceux qui osent dénoncer les dérives sont trop souvent ignorés ou réduits au silence.
Le pire, c’est que la corruption continue de prospérer dans l’ombre, sans être sérieusement combattue. Les scandales éclatent régulièrement, mais les responsables restent intouchables. Dans les villages ou dans les quartiers oubliés, personne ne voit jamais la justice s’appliquer. Les populations n’ont aucune confiance en les institutions, qui ne semblent préoccupées que par le maintien du pouvoir, et non par l’amélioration des conditions de vie. Le contrôle de l’action publique est un concept abstrait, totalement hors de portée pour ceux qui souffrent du manque de services de base.
Les nouvelles technologies, censées apporter plus de transparence, sont un autre mirage. Dans les zones rurales, l’accès à internet est souvent limité, et même lorsque des plateformes sont mises en place, elles restent inaccessibles à ceux qui en ont le plus besoin. Ces initiatives digitales n’ont de sens que pour ceux qui ont déjà accès à l’information, tandis que les plus démunis sont laissés pour compte. L’État semble se contenter d’initiatives superficielles, sans jamais réellement investir dans des solutions qui toucheraient ceux qui n’ont même pas l’ombre d’une présence gouvernementale dans leur quotidien.
Il est intolérable que, dans un pays comme le Sénégal, une grande partie de la population soit abandonnée à elle-même, sans aucun moyen de participer à la gouvernance. La transparence n’est qu’un concept vide pour ceux qui vivent dans l’isolement, sans pouvoir d’action. L’État doit se réveiller et comprendre que la transparence ne peut pas être une simple vitrine pour les grandes villes. Elle doit s’étendre à tous les citoyens, sans exception, et se traduire en actions concrètes qui touchent véritablement ceux qui n’ont même pas l’impression que l’État existe pour eux.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cherif Aidara.
Mis en ligne : 01/02/2025
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