D’après des sources locales, des colonnes de combattants ont été aperçues à Sange, une localité située sur la route nationale 5 (RN5). La panique s’est rapidement emparée de la population : « Des habitants ont préféré se réfugier dans les montagnes après avoir constaté l’avancée des rebelles », rapporte Actualité CD. Sange, située à seulement 35 kilomètres d’Uvira, se trouve dans une zone où des affrontements violents opposent depuis plusieurs jours les Forces armées de la RDC (FARDC) et les miliciens Wazalendo aux combattants du M23.
Face à cette poussée rebelle, les troupes congolaises et les miliciens Wazalendo se sont repliés vers Uvira. Cette situation a donné lieu à des affrontements internes, les miliciens accusant l’armée de privilégier la défense d’autres régions au détriment du Sud-Kivu. « À la base de ces altercations, les Wazalendo ne digèrent pas le départ de certaines troupes congolaises avec leur matériel de guerre vers Kalemie, dans le Tanganyika », indique le site d’information. Le bilan de ces affrontements s’élève à au moins 17 morts en deux jours.
L’exode des civils s’intensifie. La majorité des habitants d’Uvira ont fui la ville, se réfugiant au Burundi voisin ou cherchant à rejoindre Kalemie et Moba. Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre des centaines de soldats congolais embarquant au port de Kalundu à destination de Kalemie, laissant planer le doute sur la capacité des FARDC à défendre Uvira.
L’armée congolaise accumule les revers. Selon Afrikarabia, site spécialisé sur l’actualité en RDC, « l’offensive du M23 ne rencontre plus de résistance significative de la part des FARDC et de leurs alliés burundais, censés les soutenir ». Le Burundi, pourtant engagé aux côtés de Kinshasa, semble désormais en retrait. « Sans appui suffisant des FARDC, les soldats burundais ont dû décrocher et abandonner la ville avant de se replier vers le sud », précise Afrikarabia. Une partie des troupes burundaises, initialement déployées en RDC, aurait déjà quitté le territoire, laissant planer le doute sur leur engagement futur.
L’Afrique du Sud, autre allié clé de Kinshasa, commence également à exprimer ses réserves. L’armée sud-africaine a perdu 14 soldats lors de la chute de Goma, et le président Cyril Ramaphosa fait face à une pression croissante de son opposition sur cette intervention militaire controversée. Selon Afrikarabia, Pretoria a officiellement fait part de son mécontentement au gouvernement congolais, conditionnant la poursuite de son aide militaire à des réformes structurelles au sein des FARDC. Toutefois, plusieurs remaniements opérés par le président Félix Tshisekedi n’ont pour l’instant pas apporté d’améliorations significatives sur le terrain.
Face à l’enlisement militaire, Kinshasa explore de nouvelles pistes pour renforcer ses capacités défensives. Le quotidien burkinabé Le Pays révèle que Félix Tshisekedi aurait sollicité une aide militaire supplémentaire du Tchad, après avoir déjà mobilisé des soutiens en Afrique du Sud, en Ouganda et au Burundi. Cependant, la stratégie du président congolais interroge : « Ne gagnerait-il pas à descendre de son piédestal et à accepter enfin de dialoguer avec toutes les parties, y compris le M23 qu’il ne peut pas voir en peinture ? » s’interroge le journal ouagalais.
Alors que la situation sécuritaire continue de se dégrader, la RDC semble prise dans une impasse. Une médiation internationale pourrait-elle être la clé pour éviter une nouvelle catastrophe humanitaire ? Pour l’instant, l’incertitude domine et les populations civiles, premières victimes de ce conflit, continuent de payer le prix fort.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 20/02/2025
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