Faux, usage de faux et escroquerie. Telles sont les lourdes accusations portées contre Awa Diop, une enseignante résidant aux États-Unis, jugée hier au Tribunal correctionnel de Dakar. Son ex-mari, Makhtar Sakho, et sa famille l’accusent d’avoir falsifié un certificat de mariage pour s’attribuer indûment une indemnisation de plus d’un milliard de francs CFA à la suite d’un accident médical.
L’affaire, qui mêle querelles familiales et enjeux financiers considérables, a captivé l’attention du public et des observateurs.
Dès l’ouverture de l’audience, l’atmosphère s’est révélée tendue. Awa Diop, implacable, a écouté les accusations formulées contre elle sans fléchir. Selon l’accusation, en 2010, un accident médical aurait plongé Makhtar Sakho dans un coma prolongé, et une indemnisation de plus d’un milliard de francs CFA lui aurait été attribuée.
Cependant, ce dernier et sa famille affirment n’avoir jamais été informés de l’existence de ces fonds, et encore moins avoir bénéficié de cette somme. Awa Diop, selon les plaignants, aurait falsifié un certificat de mariage pour encaisser l’indemnisation, tout en en tirant profit pour obtenir une Green Card et des passeports américains.
Les révélations concernant cette affaire sont particulièrement choquantes. En 2015, après un AVC en 2010, Makhtar Sakho a été rapatrié au Sénégal dans un état critique. Mais ce n’est qu’après plusieurs années et des recherches approfondies que son frère, Cheikh Sakho, a découvert l’existence de cette indemnisation. « Mon frère n’a jamais vu la couleur de cet argent. Pendant que nous nous battions pour lui offrir des soins, elle l’a dissimulé », a-t-il déclaré avec amertume à la barre.
Face à ces accusations, Awa Diop s’est défendue vigoureusement. « J’ai pris soin de Makhtar pendant des années, je l’ai placé dans une maison de retraite aux États-Unis. Je n’ai escroqué aucun franc », a-t-elle rétorqué. Elle a insisté sur le fait qu’elle ne ressentait aucune nécessité de détourner une somme d’une telle ampleur, en soulignant qu’elle gagne un salaire annuel de 60 millions de francs CFA. Selon elle, c’est la famille de Makhtar qui, par mauvaise foi, aurait produit un faux certificat de mariage pour l’accuser injustement.
L’audience a également mis en lumière d’importantes discordes au sein de la famille. D’un côté, Birahim Sarr, frère de Makhtar, l’accuse de dissimulation. De l’autre, Diabel Diouf, neveu d’Awa Diop, soutient avoir remis de l’argent à la mère de Makhtar, une affirmation que la famille de ce dernier réfute catégoriquement. D’autres membres de la famille, comme Aminata Diop, la sœur d’Awa, ont également témoigné, affirmant avoir versé des fonds à Makhtar sans savoir d’où provenait cet argent.
L’avocat de la partie civile, Me Diène Ndiaye, a quant à lui été sans ambiguïté. « Awa Diop a manipulé le tribunal. Elle a présenté un faux certificat de mariage et encaissé une somme colossale sans jamais en informer Makhtar Sakho », a-t-il martelé. Il a réclamé une lourde condamnation pour abus de confiance et faux, accompagnée d’un dédommagement d’un milliard de francs CFA et de la restitution du dossier médical de Makhtar Sakho.
Le procureur, de son côté, a appuyé les accusations, insistant sur la gravité des faits. Il a requis une peine de deux ans de prison ferme, soulignant l’utilisation frauduleuse du certificat de mariage et de l’indemnisation. En défense, Me Abdou Dialy Kane a tenté de renverser la situation, plaidant la prescription des faits, qui remontent à plus de 15 ans. Selon lui, Awa Diop a agi en toute légalité en lançant une procédure aux États-Unis pour obtenir réparation au profit de Makhtar Sakho. Il a également pointé l’attentisme de la famille, qui n’a porté plainte qu’en 2022, bien après que les faits aient eu lieu.
Le Tribunal a mis l’affaire en délibéré et rendra son verdict le 3 mars prochain. En attendant, l’histoire de cette affaire judiciaire complexe et émotionnelle continue de se dérouler, entre accusations de fraude, contestations familiales et réquisitions de sanctions sévères.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 21/02/2025
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