L’ambition du Président Bassirou Diomaye Faye de transformer le Sénégal à travers la gestion des ressources en eau est louable, mais elle soulève également des questions sur les défis liés à la durabilité et à l’impact environnemental.
Le lancement du Projet de Mobilisation des Ressources en Eau du Nianija Bolong (PROMOREN) s’inscrit dans une volonté affichée de renforcer l’agriculture et de sécuriser les productions agro-pastorales. Cependant, au-delà des promesses chiffrées, il est essentiel d’évaluer les conditions de réussite et les limites d’un tel projet.
Avec 46,6 millions de m³ d’eau douce mobilisés chaque année et la mise en valeur de 12 000 hectares de terres agricoles, le projet semble répondre aux impératifs de souveraineté alimentaire. La lutte contre l’intrusion des eaux salées en provenance du fleuve Gambie est une nécessité pour préserver les terres cultivables. Pourtant, l’efficacité d’un tel programme dépendra de la gestion des infrastructures hydrauliques et de la capacité des agriculteurs locaux à s’approprier ces nouvelles ressources. Un projet de cette envergure ne se limite pas à des infrastructures : il requiert un accompagnement technique, des formations adaptées et un cadre réglementaire rigoureux.
Le financement du projet, assuré à 92 % par la Banque Islamique de Développement (BID), interroge aussi sur l’indépendance économique du Sénégal. Si le soutien financier extérieur est souvent indispensable, il ne doit pas conduire à une dépendance excessive, surtout pour des projets structurants. L’État, qui prend en charge les 8 % restants, devra assurer un suivi efficace pour éviter les écueils habituels des grands chantiers : lenteurs administratives, détournements de fonds et mauvaise exécution des travaux.
Sur le plan écologique, la mobilisation de telles quantités d’eau douce doit être pensée en tenant compte des impacts sur les écosystèmes. Le bassin versant de Nianija Bolong, déjà soumis aux aléas climatiques, pourrait voir son équilibre perturbé si la gestion du projet ne prend pas en compte les risques liés à la surexploitation des ressources naturelles. Une politique hydrique durable doit s’accompagner d’une régulation stricte et d’un suivi environnemental constant pour éviter un désastre écologique à moyen terme.
En définitive, le PROMOREN est une initiative audacieuse, qui pourrait marquer un tournant dans la gestion de l’eau au Sénégal. Mais sa réussite dépendra de plusieurs facteurs : une exécution rigoureuse, un cadre de gouvernance efficace et une approche durable qui concilie développement agricole et préservation des ressources naturelles. Il ne s’agit pas seulement d’apporter de l’eau, mais de garantir que cette eau bénéficie durablement aux populations locales et à l’économie nationale.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Alpha Diallo.
Mis en ligne : 26/02/2025
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