Servir sans chercher la gloire : Parcours de Mame Rawane Ngom - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Religion | Par Maimouna | Publié le 01/03/2025 03:03:48

Servir sans chercher la gloire : Parcours de Mame Rawane Ngom

Il est des figures dont le destin semble entièrement lié à celui d’un guide, au point que leur propre lumière se confonde avec celle d’un maître plus illustre. Mame Rawane Ngom appartient à cette catégorie d’hommes dont l’existence a été marquée par une loyauté indéfectible envers un idéal et un mentor. Plutôt que de chercher à imposer son propre chemin, il fit le choix assumé d’être l’ombre de Seydi El Hadji Malick Sy, incarnant ainsi une forme d’humilité et de dévotion qui force le respect. Son parcours, loin de toute quête de gloire personnelle, témoigne d’un engagement sans faille envers la Tidjaniyya et l’Islam.

Pourtant, on pourrait s’interroger : aurait-il pu exister en dehors de cette filiation spirituelle ? Son érudition, acquise auprès de divers maîtres avant sa rencontre avec Maodo, prouve qu’il aurait pu tracer sa propre voie. Mais c’est précisément là que réside la grandeur de son choix : renoncer à l’individualisme pour se consacrer à une cause plus vaste. Il ne cherchait ni reconnaissance, ni influence, mais uniquement à servir, à apprendre et à diffuser un savoir ancré dans la foi. En cela, il représente une conception du leadership spirituel fondée sur la transmission plutôt que sur l’affirmation de soi.

La profondeur de son engagement se mesure aussi à ses actions. De Mpal à Saint-Louis, son empreinte est restée vivace, non pas par des monuments ou des œuvres spectaculaires, mais par l’impact de son enseignement et de son ascèse. On lui doit, entre autres, sa contribution aux premières célébrations du Maouloud en 1902, qui ont largement participé à l’enracinement de cette tradition dans le Sénégal confrérique. Ce rôle de précurseur témoigne d’une intelligence stratégique : il a su allier tradition et innovation dans la pratique religieuse, assurant ainsi une continuité qui dépasse les individus.

Mais son héritage ne saurait se limiter à son rôle de fidèle compagnon de Maodo. Il incarne aussi une vision du savoir où l’apprentissage ne se dissocie jamais de la spiritualité. Son parcours illustre la quête incessante de connaissance, entreprise non pas pour briller mais pour mieux servir. Il nous rappelle ainsi une valeur essentielle souvent perdue dans nos sociétés modernes : celle du désintéressement. À l’heure où beaucoup cherchent à imposer leur nom, lui a préféré inscrire ses actes dans une continuité collective, loin des lumières du prestige personnel.

Aujourd’hui, alors que l’individualisme tend à s’imposer comme une norme, la figure de Mame Rawane Ngom nous interpelle. Son choix d’une vie au service d’un idéal plus grand que lui pose la question de notre rapport à la transmission, à l’humilité et à la foi. Doit-on nécessairement être sous le feu des projecteurs pour laisser une trace ? L’histoire semble nous répondre par la négative, et c’est sans doute là l’une des plus belles leçons que nous laisse cet homme de foi.

El Hadj Rawane Ngom, 70 ans après sa disparition 24 février 1955 – 25 février 2025.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Yaya Thiam.
Mis en ligne : 01/03/2025

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