Ce samedi 15 mars, la Serbie vit une journée de grande tension avant une manifestation qui devrait rassembler des dizaines de milliers de personnes, mettant le président Aleksandar Vucic sous pression. Il s’agit d’une nouvelle phase dans la mobilisation contre la corruption, quatre mois après l’effondrement tragique de l’auvent de la gare de Novi Sad, qui a coûté la vie à plusieurs personnes.
À Belgrade, des incidents ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi, rapporte notre correspondant Laurent Rouy. Aux alentours de 3h du matin (heure locale), un professeur et un étudiant ont été attaqués devant l’entrée de l’une des universités occupées par des manifestants. Les circonstances exactes de l’agression et la gravité des blessures restent floues, tout comme le sort des agresseurs, bien que la police ait été contactée.
La tension était déjà palpable ce vendredi, parallèlement à l’arrivée festive des marcheurs et cyclistes qui ont traversé la Serbie pour atteindre la capitale. Ces derniers ont été chaleureusement accueillis par plus de 30 000 personnes dans les rues, toutes déterminées et pleines de bravoure. Certains d’entre eux avaient parcouru plus de 190 km en cinq jours, en provenance de Nis au sud et de Subotica au nord. Les artères de la ville ont résonné au son des sifflets, des vuvuzelas et du désormais célèbre cri de ralliement « Pumpaj », qui symbolise cette révolte étudiante. Ce terme, qui évoque l’idée de faire exploser un ballon, incarne l’ampleur de la colère populaire, comme le souligne Jelena Tomic, envoyée spéciale de RFI à Belgrade.
Des échauffourées ont également eu lieu autour du camp des partisans de Vucic, où deux rangées de tracteurs et des barrières métalliques ont été mises en place, renforcées par de nombreuses forces anti-émeutes. Des tracteurs ont été endommagés et des projectiles ont été lancés, notamment par les pro-Vucic contre les manifestants. Heureusement, seuls des dégâts matériels ont été enregistrés.
Le pouvoir réagit fermement, dénonçant ce qu’il qualifie de « coup d’État ». Le président Vucic, dans une déclaration martiale, a appelé les manifestants à la retenue, menaçant indirectement ceux qui ne le feraient pas de ne pas obtenir son pardon. La présidente du Parlement, Ana Brnabic, proche de Vucic, a même affirmé qu’un complot visant à renverser le gouvernement, voire à assassiner le président, était en cours.
Face à la situation, Vucic a ordonné l’interruption des émissions de trois stations de radio et la mise en place de barricades autour de chaînes de télévision proches du pouvoir, telles que TV Pink. Il a également fait couper les lignes de trains et de bus en direction de Belgrade, dans une tentative d’empêcher l’afflux de manifestants dans la capitale.
Article écrit par : Emilie Dème.
Mis en ligne : 15/03/2025
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