Depuis l’élection présidentielle de mars 2024, le paysage politique sénégalais semble figé dans un état de sidération. La victoire éclatante de Bassirou Diomaye Faye, portée par Ousmane Sonko et son parti Pastef en seulement dix jours de campagne, a bouleversé les équilibres établis. Pour les adversaires de ce mouvement, la crainte est palpable : si une telle prouesse a été réalisée en si peu de temps, que dire des prochaines échéances électorales ? En 2029, la réélection de BDF face à une opposition morcelée semble une formalité.
En 2034, Ousmane Sonko pourrait briguer la présidence avec le soutien de son ancien colistier, promettant un raz-de-marée électoral. Et ainsi de suite, jusqu’à imaginer un Pastef dominant le paysage politique pour les décennies à venir.
Face à cette perspective, certains opposants, en panne d’idées et de stratégies, ne voient d’autre issue que l’élimination politique de Sonko et de ses proches. Leur obsession ? Faire annuler la loi d’amnistie dans l’espoir de renvoyer en prison les figures de Pastef, y compris les ministres et responsables aujourd’hui en poste. Dans leur vision fantasmée, les 1 500 militants condamnés sous l’ancien régime retrouveraient les geôles pour des prétextes aussi absurdes que le port d’un bracelet Pastef ou un simple post sur les réseaux sociaux. Une logique de revanche déconnectée de la réalité du pays et des aspirations du peuple sénégalais.
Cette obsession s’explique par l’état déliquescent d’une opposition incapable de proposer une alternative crédible. TAS voit son influence s’effriter à chaque élection, condamné à une lente disparition politique. L’APR, jadis toute-puissante, ressemble désormais à un radeau de la Méduse où chacun tente de sauver ce qui peut l’être. Khalifa Sall, Barthélémy Dias, Bougane et consorts peinent à convaincre, leurs discours sonnant creux face à une nouvelle génération politique portée par le renouveau. Même les figures médiatiques qui leur servaient de relais commencent à se faire discrètes, conscientes que leurs protecteurs ne pourront plus longtemps leur assurer une rente confortable.
Mais au-delà des querelles partisanes, une question essentielle demeure : qui se soucie réellement de la justice et des victimes des violences passées ? Ceux qui crient aujourd’hui à l’abrogation totale de l’amnistie sont-ils sincères dans leur démarche ou cherchent-ils simplement à rejouer une partie perdue d’avance ? Les familles des victimes méritent la vérité, mais instrumentaliser leur douleur pour régler des comptes politiques est indigne. La révision de la loi d’amnistie, pour identifier et juger les véritables responsables des exactions, devrait être une priorité.
L’histoire politique récente du Sénégal montre qu’aucune manœuvre ne peut empêcher un mouvement porté par une dynamique populaire de prospérer. Plutôt que d’espérer une chute miraculeuse de Pastef, ses adversaires gagneraient à repenser leur stratégie, à reconstruire un projet crédible et à proposer une vision capable de séduire les électeurs. S’enfermer dans la nostalgie d’un passé révolu ou dans des calculs de bas étage ne fera que précipiter leur effacement du paysage politique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : M. Ndoye.
Mis en ligne : 16/03/2025
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