Le Kremlin a confirmé que Vladimir Poutine et Donald Trump s’entretiendront ce mardi, rapporte Le Monde depuis Paris. Le président américain a récemment assuré que « beaucoup de choses avaient déjà été discutées » avec l’Ukraine et la Russie, après des réunions entre diplomates des trois pays en Arabie saoudite et à Moscou. Parmi les sujets évoqués figurent le partage de certains actifs, notamment des « terres » et des « usines de production d’énergie ».
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a affirmé que « jamais un accord de paix n’avait semblé aussi proche ». Elle n’a toutefois pas exclu d’éventuelles sanctions contre Moscou si les négociations ne prenaient pas la tournure escomptée.
« Quelque chose va changer », analyse The Times à Londres, soulignant que cette conversation s’annonce comme l’une des plus déterminantes pour Trump depuis son retour à la Maison-Blanche.
Sergey Radchenko, spécialiste de la politique étrangère russe à l’École des relations internationales Johns Hopkins, estime que Poutine tentera de séduire Trump en lui promettant une « relation privilégiée » entre les deux puissances ainsi que de juteux accords économiques. L’objectif du Kremlin reste cependant inchangé : affaiblir Volodymyr Zelensky et obtenir des concessions stratégiques en Ukraine. « La véritable question, ce n’est pas de savoir si Poutine renoncera à son ambition ukrainienne pour une meilleure relation avec Trump, mais si Trump sacrifiera l’Ukraine pour renforcer ses liens avec Poutine », tranche l’expert.
Du côté de Madrid, El País observe que les déclarations de Trump laissent entendre qu’une paix négociée pourrait inclure des cessions territoriales ukrainiennes, en dépit de la volonté de Kiev de préserver son intégrité territoriale.
Le Figaro s’interroge : « Et si tout était déjà joué ? » Le journal évoque l’hypothèse d’un scénario où Washington et Moscou auraient d’ores et déjà fixé les grandes lignes d’un cessez-le-feu : gel des lignes de front, levée de certaines sanctions et accords sur les ressources minières. Ce qui est présenté comme une série de négociations diplomatiques ne serait alors qu’une mise en scène destinée à préparer l’opinion publique.
Michel Duclos, ancien diplomate, estime que les États-Unis et la Russie poursuivent une même priorité : rétablir un dialogue stratégique bilatéral. Pour Moscou, il s’agit de retrouver son statut de grande puissance, tandis que Washington cherche un partenaire pour gérer certains dossiers internationaux. Deux scénarios émergent : dans le premier, Trump cède largement aux exigences russes pour afficher une victoire diplomatique ; dans le second, une certaine résistance américaine conduit à un compromis minimal. Dans les deux cas, prévient Duclos, « l’Europe devra se mobiliser stratégiquement ».
Face à ces tractations, Libération souligne un réveil stratégique du Vieux Continent. « Il faut reconnaître à Trump un mérite : sans lui, l’Europe hésiterait encore sur son indépendance stratégique », note le quotidien. Désormais, les États membres prennent leur destin en main, accélérant la mise en place d’une industrie de défense autonome.
Les alliances évoluent également : Royaume-Uni, Allemagne, Pologne et Turquie, aux côtés du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, forment une coalition qui ne mise plus sur Washington pour assurer la sécurité de l’Ukraine. « La dynamique enclenchée par Emmanuel Macron est la bonne », conclut Libération, tout en appelant à une réaction rapide.
Un nouvel ordre mondial est-il en train de se dessiner ? Si les contours restent flous, une certitude demeure : les prochaines heures seront décisives.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 18/03/2025
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