Paul Kagame et Félix Tshisekedi, côte à côte… Une image improbable il y a encore peu, qui a pourtant fait la une des médias africains et internationaux. Au centre de cette rencontre inattendue, l’émir du Qatar, jouant le rôle de médiateur.
« Kagame et Tshisekedi s’entretiennent au Qatar », titre sobrement The New Times à Kigali.
« Doha : un cessez-le-feu immédiat décidé entre la RDC et le Rwanda », annonce le site congolais Actualité CD.
« Un face-à-face entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame au Qatar : toutes les pistes pour mettre un terme à l’insécurité provoquée par les rebelles du M23-AFC dans l’est de la RDC sont envisagées », analyse Objectif Infos.
L’image a pris tout le monde de court. « Les présidents congolais et rwandais ont joué un tour à l’opinion publique », s’exclame Ledjely en Guinée. « Alors que l’attention était portée sur l’échec des pourparlers entre Kinshasa et les rebelles du M23 à Luanda, voilà qu’une photo surgit de nulle part, bouleversant toutes les attentes. »
Selon Ledjely, les deux chefs d’État n’avaient guère d’autre choix : Tshisekedi est en difficulté sur le terrain militaire, tandis que Kagame fait face à un isolement diplomatique grandissant. « Il y a quelques mois, alors que les rebelles ne contrôlaient que des poches de territoire, Kinshasa pouvait faire preuve de déni. Mais avec la chute de Goma et Bukavu et la menace sur la capitale, la situation est devenue critique pour Tshisekedi. »
Quant à Kigali, longtemps épargné, il subit désormais de lourdes sanctions internationales, un changement majeur qui pousse Kagame à reconsidérer sa position.
« Un revers pour le président angolais Joao Lourenço, qui pilotait jusque-là la médiation régionale », note Afrikarabia. Le site spécialisé sur la RDC souligne que « les divisions entre les blocs régionaux, l’EAC et la SADEC, ont mené à une impasse dans les processus de paix de Nairobi et Luanda. Lourenço s’est accroché à son rôle de médiateur en imposant des négociations qui se sont révélées infructueuses. »
À Doha, Kagame et Tshisekedi ont convenu d’un cessez-le-feu immédiat et de discussions approfondies pour asseoir une paix durable. Mais, comme le rappelle Afrikarabia, « les engagements de cessez-le-feu ont été nombreux ces derniers mois, sans jamais être respectés. » Reste à voir si cette déclaration de Doha aura un véritable impact sur le M23 et si cette première entrevue ouvrira la voie à une médiation qatarie durable ou à un retour aux initiatives africaines.
« Le plus dur reste à venir », commente WakatSéra à Ouagadougou. « La rencontre secrète de Doha n’apporte aucune réponse sur la fin des hostilités, ni sur la récupération des territoires occupés par les rebelles du M23, que Kigali est accusé de soutenir. »
L’enjeu est de taille. « Peu importe d’où viendra la paix, de Doha, Luanda ou Nairobi », conclut WakatSéra, « l’essentiel est qu’elle advienne enfin, pour une RDC meurtrie où civils et militaires ne savent plus à quel saint se vouer. »
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 19/03/2025
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