La tension entre la France et l’Algérie ne cesse de s’intensifier, marquant une crise diplomatique persistante. Déclenchée le 30 juillet dernier par la reconnaissance française de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, cette confrontation s’est aggravée à travers une série d’incidents successifs. Parmi eux, l’arrestation à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal en novembre, suivie en janvier par l’interpellation d’influenceurs algériens sur le sol français, accusés de menaces contre des opposants au régime. Plus récemment, une attaque au couteau perpétrée à Mulhouse par un ressortissant algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF) a ravivé les tensions.
D’après Le Monde Afrique, le dialogue semble aujourd’hui totalement rompu entre les deux capitales, plongeant les relations bilatérales dans une impasse.
Un refus algérien qui envenime la situation
Le dernier incident en date concerne le rejet par Alger d’une demande française d’expulsion d’une soixantaine de ressortissants algériens. Selon Afrik.com, les autorités algériennes ont dénoncé une requête formulée de manière inappropriée, en dehors des voies diplomatiques habituelles. Face à ce refus, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a vivement réagi en accusant Alger de manquer à ses obligations internationales. Il a également annoncé la mise en place d’une « riposte graduée », laissant présager un durcissement des mesures à venir.
L’analyse d’Afrik.com met en lumière des divergences profondes : tandis que la France adopte une politique plus stricte en matière d’immigration, notamment envers les étrangers condamnés pour des crimes graves, l’Algérie réaffirme sa souveraineté et refuse toute pression extérieure.
Une manœuvre électoraliste ?
Du côté de la presse algérienne, la décision française est vivement critiquée. Le site Tout sur l’Algérie (TSA) qualifie les déclarations de Retailleau d’« irresponsables », l’accusant de chercher à saboter tout rapprochement entre Paris et Alger. Pour le média, le ministre français de l’Intérieur, en pleine course pour la présidence du parti Les Républicains, instrumentaliserait cette crise pour asseoir sa position politique.
Un enjeu politique pour Macron ?
D’autres observateurs, comme Le Quotidien d’Oran, pointent également du doigt la stratégie d’Emmanuel Macron. Selon le journal, le président français aurait initialement promis un renouveau dans les relations franco-algériennes avant de céder aux pressions de la droite dure. Le quotidien affirme que cette crise sert d’« exutoire » pour Macron, qui tenterait de détourner l’attention de ses déboires internes, notamment la contestation sociale et l’affaissement de son autorité.
Une tension bénéfique des deux côtés de la Méditerranée ?
Enfin, Le Matin d’Algérie, connu pour son regard critique sur le pouvoir algérien, estime que cette escalade diplomatique sert autant les intérêts de Paris que ceux d’Alger.
D’un côté, Abdelmadjid Tebboune renforcerait sa posture de défenseur de la souveraineté nationale, en exploitant la rhétorique anti-française pour masquer les difficultés économiques et sociales du pays. De l’autre, en France, la crise avec Alger est récupérée à des fins électorales, notamment dans la perspective de la présidentielle de 2027, avec une droite dure et une extrême droite qui en font un sujet de campagne idéal.
Alors que les tensions s’intensifient, une issue diplomatique semble de plus en plus compromise, les deux pays semblant préférer l’affrontement politique à la résolution du conflit.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 20/03/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.