Les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, poursuivent leur offensive en territoire congolais malgré les appels au cessez-le-feu lancés par les présidents du Congo et du Rwanda. Mercredi soir, ils ont atteint les abords de Walikale, une ville stratégique, comme l’ont rapporté des habitants à Reuters.
Des tirs ont été entendus près du quartier de Nyabangi, a confirmé Janvier Kabutwa, un résident de la ville. Selon une source militaire anonyme, les rebelles affrontent l’armée congolaise et des milices pro-gouvernementales après avoir pris de court une position militaire située à l’extérieur de Walikale.
Walikale, une ville d’environ 15 000 habitants, est située dans une région riche en ressources minières, notamment l’étain. Il s’agit du point le plus occidental atteint par les rebelles cette année dans leur avancée rapide. La ville se trouve à environ 125 km au nord-ouest de Goma, la plus grande agglomération de l’est de la République démocratique du Congo, tombée sous le contrôle du M23 en janvier. Walikale est également à moins de 400 km de Kisangani, la quatrième plus grande ville du pays.
Cette avancée a des conséquences économiques immédiates : la société Alphamin Resources a suspendu ses activités à la mine d’étain de Bisie, située à 60 km au nord-ouest de Walikale.
Face à la montée des tensions, les efforts diplomatiques se multiplient. Des pays voisins ainsi que des puissances internationales redoublent d’initiatives pour mettre fin à ce conflit, qui constitue la crise la plus grave dans l’est du Congo depuis la guerre de 1998-2003, un conflit régional impliquant plusieurs nations.
Le mardi précédent, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame se sont rencontrés pour la première fois depuis l’escalade de l’offensive du M23 en janvier, lors d’un sommet au Qatar. Ils ont appelé, dans une déclaration conjointe avec le Qatar, à un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel ».
Cependant, l’ONU accuse le Rwanda de soutenir militairement les rebelles, en leur fournissant armes et troupes, une allégation que Kigali dément. Le gouvernement rwandais affirme que son intervention vise à défendre son territoire contre l’armée congolaise et une milice impliquée dans les massacres du génocide de 1994.
Parallèlement, le gouvernement congolais, qui avait longtemps refusé de négocier avec le M23, s’était engagé à entamer des pourparlers directs avec les rebelles en Angola. Mais ces derniers se sont retirés des négociations lundi, invoquant les sanctions imposées par l’Union européenne contre certains de leurs dirigeants et des responsables rwandais.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 20/03/2025
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