Tidjane Thiam, opposant et candidat déclaré à la présidentielle ivoirienne, n’est plus français, selon un décret publié jeudi au Journal officiel, quelques semaines après en avoir fait la demande, une condition pour se présenter au scrutin du 25 octobre.
« Sont libérés de leur allégeance à l’égard de la France les Français dont les noms suivent : THIAM (Cheick, Tidjane), né le 29/07/1962 à Abidjan (Côte d’Ivoire) », indique ce décret signé mercredi par le gouvernement français.
La nationalité du président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, principale formation d’opposition) alimente les débats politiques dans le pays depuis plusieurs semaines.
Le 7 février, il avait annoncé avoir fait les démarches pour renoncer à sa nationalité française, afin d’être exclusivement ivoirien.
Dans son article 55, la Constitution ivoirienne stipule qu’un candidat à la présidentielle doit « être exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père ou de mère ivoirien d’origine ».
« S’il en était besoin, ce décret publié jeudi clos définitivement le sujet » de sa nationalité, a déclaré à l’AFP Me Mathias Chichportich, avocat de M. Thiam.
La nationalité française avait été décernée en 1987 à Tidjane Thiam, né ivoirien, à l’occasion d’études en France, en reconnaissance de son parcours universitaire (les prestigieuses École Polytechnique et des Mines), selon son entourage.
Il avait ensuite été ministre en Côte d’Ivoire (1994-1999) avant de mener une carrière dans le secteur privé en Europe.
« Manoeuvres »
Mais ces dernières semaines, le débat s’est déporté sur un article du code ivoirien de la nationalité datant des années 1960.
Selon l’article 48 de ce code, « perd la nationalité ivoirienne l’Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare reconnaître une telle nationalité ».
Au sein du PDCI, on dénonce des « manoeuvres » du pouvoir pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle.
Selon une source dans l’entourage du candidat, avec le décret publié jeudi, « la France reconnaît la nationalité ivoirienne de Tidjane Thiam, sans quoi elle en aurait fait un apatride ».
Une Convention des Nations unies de 1961 stipule que les États « ne priveront de leur nationalité aucun individu si cette privation doit le rendre apatride ».
La question de la nationalité a déjà empoisonné par le passé la politique ivoirienne.
L’actuel président, Alassane Ouattara, accusé d’être d’origine burkinabè, avait ainsi été exclu des présidentielles de 1995 et 2000.
Tidjane Thiam est pour l’heure bien inscrit sur la liste électorale provisoire publiée lundi.
La liste définitive, après examen de recours qui peuvent être formulés par n’importe quel citoyen, sera publiée le 20 juin.
Le patron du PDCI doit encore être investi par son parti.
Un bureau politique se tiendra le 5 avril pour déterminer la date de la convention d’investiture.
Il pourrait croiser le fer avec l’ex-ministre du Commerce Jean-Louis Billon, un cadre du parti qui est également candidat déclaré à la présidentielle du 25 octobre.
Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, ne s’est pas encore prononcé sur sa candidature, mais son parti le pousse à briguer un quatrième mandat.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 21/03/2025
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