Au Burkina Faso, la situation des journalistes devient de plus en plus préoccupante. Les atteintes à la liberté d’expression se multiplient, et les enlèvements de professionnels des médias sont devenus récurrents. Le lundi 24 mars, deux figures du journalisme burkinabè, Guezouma Sanogo et Boukary Ouoba, respectivement président et vice-président de l’Association des journalistes du Burkina, ont été enlevés à Ouagadougou. Selon LeFaso.net, ils auraient été conduits vers une destination inconnue par des individus se présentant comme des agents des services de renseignement.
Cette situation survient après que Guezouma Sanogo a publiquement critiqué la transformation de la Radio Télévision du Burkina et de l’Agence d’information du Burkina en « outils de propagande gouvernementale ». Ses déclarations, relayées sur les réseaux sociaux, ont suscité de vives réactions, certains estimant qu’un journaliste de ces institutions ne devait pas exprimer de telles opinions. D’autres ont jugé son discours inapproprié, appelant les autorités à prendre des sanctions à son encontre.
Un troisième journaliste, Luc Pagbelguem, a également été arrêté ce lundi. Ce reporter de la chaîne publique BF1 venait de couvrir la clôture du congrès de l’Association des journalistes du Burkina. Selon WakatSéra, il aurait été appréhendé par des agents du Conseil national de Sécurité.
Durant ce congrès, l’association avait réaffirmé son engagement à défendre les droits des journalistes, les former et garantir une information de qualité dans un climat où la liberté d’expression se dégrade rapidement.
Les autorités militaires, quant à elles, dénoncent une campagne de désinformation dirigée contre l’armée et visant à diviser la population. Afrik.com rapporte que des vidéos truquées montrant de supposés massacres de civils imputés aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS) circulent sur les réseaux sociaux. Le gouvernement estime que ces manipulations visent à semer la suspicion et à attiser les tensions intercommunautaires. Il appelle la population à ne pas relayer d’informations non vérifiées, insistant sur l’importance de préserver la cohésion sociale et la souveraineté nationale.
De son côté, le site Sidwaya admet que la manipulation de l’information peut être une arme du terrorisme, mais regrette que les médias publics soient systématiquement accusés de propagande. Il s’interroge sur la difficulté pour un organe d’information officiel de concilier ligne éditoriale et défense des intérêts nationaux.
Les journalistes ne sont pas les seuls visés par cette répression. Selon Le Monde Afrique, l’opposition politique subit également une forte pression. Quatre membres du mouvement politique SENS (« Servir et non se servir ») ont été enlevés après avoir dénoncé des exactions de l’armée. Le mouvement affirme que ces enlèvements visent à briser toute contestation et à instaurer un climat de peur. Il exhorte les autorités à protéger les populations plutôt que de s’en prendre à ceux qui les défendent, et appelle à lutter contre la dérive autoritaire du pouvoir militaire en place.
Le climat politique et médiatique du Burkina Faso s’assombrit donc davantage, marqué par une restriction croissante des libertés et une pression grandissante sur ceux qui osent critiquer les dérives du régime.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 25/03/2025
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