Jeffrey Goldberg, rédacteur en chef du magazine The Atlantic, peine encore à y croire. Dix jours après les frappes aériennes américaines contre des cibles houthies au Yémen, un fait troublant refait surface. Peu avant 14 heures, le samedi 15 mars, l’aviation américaine lance son attaque. Or, à 11h44, Goldberg reçoit un message via l’application Signal détaillant le plan d’opération, avec les objectifs, le type d’armement utilisé et le calendrier de l’intervention. L’auteur du message n’est autre que Pete Hegseth, secrétaire à la Défense.
Comment un journaliste a-t-il pu avoir accès à une information aussi confidentielle avant même l’exécution de l’opération ? Une enquête interne a été lancée pour faire la lumière sur cette bévue aux lourdes implications.
À Washington, l’affaire fait grand bruit. « Une erreur monumentale qui alimente les spéculations et suscite de vives inquiétudes », commente Le Point. Le scandale ne réside pas seulement dans l’utilisation de Signal pour discuter d’une opération militaire sensible, mais aussi dans le fait que le rédacteur en chef de The Atlantic aurait été accidentellement intégré à un groupe de discussion restreint, censé être sécurisé.
Le Washington Post dénonce un « laxisme sidérant », soulignant que ce manquement met potentiellement en danger les forces américaines. « Si un journaliste a pu être ajouté à ce groupe sans vérification préalable, qui sait quels autres acteurs ont pu infiltrer ces échanges ? » s’interroge le quotidien américain. Fort heureusement, cette erreur n’a pas eu de conséquences immédiates sur le terrain, mais elle révèle des failles majeures dans la gestion de l’information au sein de l’administration.
Pour le Süddeutsche Zeitung, cette fuite constitue une violation potentielle des lois sur la sécurité nationale. Jack Reed, haut responsable démocrate au Sénat, qualifie l’affaire de « la plus grave erreur qu’il ait jamais observée ». Même au sein du camp républicain, des voix s’élèvent contre ce cafouillage inédit.
Le journal allemand rappelle par ailleurs que Pete Hegseth, avant de devenir secrétaire à la Défense, animait une émission sur Fox News où il critiquait sévèrement Joe Biden pour la gestion de documents classifiés. Il défendait alors Donald Trump, accusé d’avoir conservé des dossiers secrets à Mar-a-Lago. Ironie du sort, Hegseth se retrouve aujourd’hui au cœur d’un scandale bien plus compromettant.
Pendant ce temps, un autre dossier suscite l’attention internationale. Cette semaine, le Groenland reçoit deux visiteurs de marque : Mike Waltz, conseiller à la sécurité nationale, et Usha Vance, épouse du vice-président J.D. Vance. Officiellement, ils viennent assister à une course de chiens de traîneau et découvrir la culture locale. Mais, selon Libération, personne n’est dupe.
L’ancien président Donald Trump avait exprimé, il y a quelques mois, son intention d’annexer le Groenland, une déclaration jugée fantasque à l’époque. Mais la venue de ces émissaires laisse penser que l’idée est toujours d’actualité. Sur place, les Groenlandais oscillent entre inquiétude et opportunisme : s’ils redoutent une ingérence américaine, ils voient aussi une opportunité de renégocier leurs relations avec Copenhague et de sortir de la tutelle danoise.
Un dossier explosif qui, combiné au scandale des fuites sécuritaires, place l’administration américaine sous le feu des critiques.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 25/03/2025
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