Thomas Lubanga, ancien chef de milice congolais et condamné par la Cour pénale internationale (CPI) à 14 ans de prison pour l’enrôlement d’enfants soldats, refait parler de lui. Libéré en 2020 après avoir purgé sa peine, il vient de relancer une nouvelle dynamique politique et militaire en annonçant, ce dimanche, la création officielle de la Convention pour la Révolution Populaire (CRP).
Ce nouveau mouvement, dont il est l’initiateur, a vu le jour après plusieurs mois de consultations menées depuis son exil en Ouganda, où il réside depuis environ sept mois.
Le lancement a eu lieu à Berunda, une petite localité d’environ 15 000 habitants située à 180 km au nord de Bunia, dans la province du Nord-Kivu. Cette zone, principalement minière et agricole, est perçue par Lubanga et ses partisans comme un terreau naturel pour leur mouvement.
Le choix de Berunda n’est pas anodin. C’est une région stratégique, proche de la frontière ougandaise, où des tensions militaires ont récemment émergé. En septembre 2024, l’armée congolaise avait en effet affirmé avoir détruit un camp de formation de miliciens dans la région.
Le communiqué fondateur de la CRP annonce également l’existence d’une branche armée, dirigée par le colonel Justin Lobho Zissy, un ancien officier des Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) qui a fait défection. Ce dernier est présenté comme le chef d’état-major général du mouvement. Selon des sources militaires, l’arrivée de Lobho Zissy au sein de la CRP renforce la dimension militaire de l’organisation et montre l’ancrage profond du groupe dans les réalités militaires de la région.
Cependant, Thomas Lubanga rejette fermement les accusations qui circulent, selon lesquelles son mouvement serait un moyen d’intégrer le futur gouvernement d’union nationale en préparation, à la suite des consultations lancées par le président Félix Tshisekedi. Lubanga nie également toute implication avec l’Alliance des forces congolaises de mobilisation (AFC/M23) de Corneille Nangaa. Il a précisé dans ses déclarations qu’il n’a aucune intention de se rendre à Kinshasa et que son mouvement ne souhaite pas se mêler des enjeux politiques de la capitale.
Le retour en scène de Thomas Lubanga intervient alors que la situation sécuritaire et politique en République Démocratique du Congo (RDC) demeure fragile, notamment dans l’est du pays, où plusieurs groupes armés, dont des ex-rebelles et des milices, continuent de semer la terreur dans des régions riches en ressources naturelles. Les actions du CRP, notamment son bras armé dirigé par un ancien militaire des FARDC, risquent de raviver les tensions dans un contexte déjà tendu.
La communauté internationale, et en particulier les Nations Unies, surveillera de près l’évolution de cette nouvelle organisation et ses conséquences sur la stabilité de la région, déjà marquée par des années de conflits violents et de luttes pour le contrôle des ressources.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 26/03/2025
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