À Niamey, au centre de conférences Mahatma-Gandhi, vingt mois après le renversement de Mohamed Bazoum, le général Abdourahamane Tiani a officialisé son ascension au sommet de l’État. « Il a été investi président de la République du Niger », constate Le Point Afrique. Chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie depuis le coup d’État de juillet 2023, il détient désormais un pouvoir absolu, renforcé par sa promotion au rang de général d’armée.
La cérémonie, orchestrée à sa gloire, a été marquée par la signature de la Charte de la refondation, un texte à portée constitutionnelle qui prolonge la transition pour cinq ans, sans garantie de retour à un ordre démocratique d’ici 2030. Plus qu’un simple cadre de gouvernance, commente Le Point Afrique, cette charte consacre l’emprise militaire sur l’État, balayant les principes démocratiques en vigueur avant le putsch et redéfinissant l’architecture politique du pays selon les termes imposés par la junte.
Cerise sur le gâteau, note Jeune Afrique : « après la cérémonie militaire de remise de ses nouveaux galons, le chef suprême a réservé une dernière surprise : la signature d’une ordonnance actant la dissolution de tous les partis politiques nigériens ». Désormais, au Niger, il faudra s’adresser au chef des putschistes du 26 juillet 2023 en employant la formule : « Président de la République du Niger, chef de l’État, chef suprême des armées, chef de l’administration, grand maître des ordres nationaux, le général d’armée Abdourahamane Tiani ».
La presse nigérienne s’enthousiasme. « Le parcours du général Abdourahamane Tiani se passe de tout commentaire, s’exclame Tam Tam Info. C’est un homme de terrain, un homme d’expérience. C’est un leader charismatique qui impose le respect. Félicitations et vœux de réussite dans sa nouvelle fonction. » Mais le plus difficile reste à venir, tempère le journal : « assurer la sécurité des Nigériens et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national, promouvoir le développement socio-économique du pays et garantir la justice pour tous. Le général d’armée Abdourahamane Tiani sera jugé sur sa capacité à assurer la sécurité dans nos villes et nos campagnes et à garantir une meilleure répartition des immenses richesses du Niger au profit de tous ».
« Tiani installé président du Niger : un nouveau chapitre pour la nation et un défi à relever pour le général », renchérit L’Événement Niger.
Le pays fait face à des défis sécuritaires majeurs, notamment dans la région du Sahel, ainsi qu’à des difficultés économiques et sociales. « L’instabilité politique qui a marqué les derniers mois du régime précédent a exacerbé les divisions internes, créant un besoin pressant de réconciliation et de reconstruction. Le mandat du général Tiani est donc placé sous une lourde responsabilité, souligne encore L’Événement Niger. Son leadership sera scruté par les Nigériens et la communauté internationale. La réussite de la transition, la mise en place d’un véritable dialogue national et la gestion des attentes populaires seront les enjeux majeurs de son quinquennat. »
« Une aube nouvelle sous l’égide du général Tiani : le Niger entame sa refondation », insiste Le Journal du Niger. Une refondation qui « s’inscrit dans un contexte régional mouvant », observe le journal. Depuis le putsch, Niamey a tourné le dos à des partenaires historiques, comme la France, tout en resserrant ses liens avec la Russie et ses voisins de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette réorientation, si elle galvanise les partisans d’une émancipation africaine, suscite des murmures d’inquiétude chez ceux qui y voient un pari risqué dans une région minée par le terrorisme et les rivalités géopolitiques.
« Le général Tiani, désormais général d’armée et président, incarne une espérance pour les uns, une énigme pour les autres, pointe encore Le Journal du Niger. Car si la Charte de la refondation promet un renouveau, son exécution reste une partition délicate à jouer. »
Et le journal de s’interroger : « les cinq années à venir seront-elles le socle d’une nation réinventée ou bien un échiquier sur lequel s’entrelaceront ambitions, défis et incertitudes ? Dans l’ombre du Mahatma Gandhi, dont l’esprit pacifique planait sur le lieu de la cérémonie, le Niger s’élance, porté par une foi ardente, mais escorté par des questions qui, elles, demeurent sans réponse ».
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 27/03/2025
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