« La coalition des volontaires », pointe Le Monde à Paris, est le nom de l’initiative franco-britannique qui doit réunir aujourd’hui une trentaine de pays alliés, prêts à intensifier leur aide à l’Ukraine et à sécuriser un éventuel cessez-le-feu entre Kiev et Moscou. Cette initiative survient alors que l’administration Trump a engagé de laborieuses négociations avec la Russie, sans y associer les Européens.
Le quotidien ukrainien Kyiv Independent s’interroge : « L’Europe, et la France en tant que l’un de ses leaders, peuvent-elles maintenir Kiev à flot alors que les États-Unis se retirent ? (…) À ce stade, les efforts diplomatiques d’Emmanuel Macron n’ont pas encore porté leurs fruits. L’Union européenne peine à élaborer un plan concret pour le réarmement, le déploiement de forces de maintien de la paix en Ukraine et une position commune face aux États-Unis, dont l’attitude devient de plus en plus agressive. (…) Pour tenir ses nombreuses promesses envers l’Ukraine et d’autres États européens, et révolutionner la défense européenne avant la présidentielle de 2027, Emmanuel Macron devra mobiliser davantage de soutiens et trouver des financements supplémentaires. »
Le New York Times renchérit : « On ignore toujours qui est prêt à faire quoi dans cette coalition, surtout dans un contexte où la faible croissance et l’endettement compliquent l’équation pour les pays européens qui tentent d’augmenter leurs dépenses militaires. Le plus grand point d’interrogation reste l’idée d’une éventuelle “force de réassurance”, composée de troupes européennes stationnées en Ukraine une fois le conflit terminé, afin d’empêcher une nouvelle invasion russe. Si la Grande-Bretagne et la France ont lancé cette idée, aucun autre pays n’a, pour l’instant, annoncé vouloir y envoyer des troupes. Ce projet, encore flou, a été qualifié d’“inacceptable” par Moscou. »
En Espagne, cette incertitude se traduit par des blocages politiques. Le Parlement tarde à approuver l’augmentation des dépenses militaires, une situation que El Pais à Madrid déplore : « Avec une guerre aux portes de l’Europe qui dure depuis trois ans, la menace expansionniste de la Russie et le virage anti-européen de la Maison-Blanche, (…) il est impératif de parvenir à des accords entre partis. Nous avons besoin de clarté dans l’incertitude et d’une classe politique à la hauteur du défi. »
Pour The Times à Londres, « l’Europe est dans une situation délicate », confrontée à « un accord de paix bâclé » voulu par les États-Unis. Le journal met en garde : « Nous, Européens – Britanniques, Ukrainiens et autres – sommes tous dans le même bateau, mal préparés et sous-équipés, ballottés entre Washington et Moscou. Trop souvent, les vœux pieux l’emportent sur le réalisme, mais alors que la prise de conscience de notre vulnérabilité s’accélère, une révolte se profile. Face à l’alternative entre un rapprochement pragmatique avec la Russie, sous l’impulsion des États-Unis, et une confrontation risquée impliquant un soutien ferme à l’Ukraine, de nombreux pays pourraient privilégier la sécurité à l’honneur. À long terme, soupire The Times, ils perdront les deux. »
Enfin, dans une tribune publiée par Die Welt à Berlin, l’ancien champion du monde d’échecs et opposant de Vladimir Poutine, Garry Kasparov, estime que « l’Europe doit être prête à faire la guerre ».
Kasparov appelle les dirigeants européens à « constituer un bloc de défense totalement indépendant – une OTAN parallèle pouvant fonctionner sans le leadership des États-Unis », à « exclure immédiatement la Hongrie du droit de vote et de l’aide financière de l’Union européenne », à « mettre fin à l’exportation du pétrole russe via des flottes fantômes » et à « introduire la conscription pour renforcer les effectifs militaires ».
Entre les hésitations politiques, les divergences stratégiques et la pression croissante des enjeux de défense, l’Europe semble plus que jamais à la croisée des chemins.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 27/03/2025
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