La condamnation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à cinq ans de prison ferme et une amende de 500 000 dinars (environ 3 500 euros) marque une nouvelle étape dans les tensions entre Alger et Paris. Selon le site d’information Algérie 360, cette peine s’inscrit dans une logique de sanction envers un intellectuel jugé trop critique à l’égard du pouvoir en place. Une issue qui, selon la presse algérienne, met fin à un feuilleton judiciaire entamé en novembre dernier.
Le verdict, rendu à l’issue d’un procès expéditif de 20 minutes, ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu dans un contexte déjà tendu entre la France et l’Algérie. Le journal burkinabé Le Pays souligne que cette affaire s’ajoute à une série de frictions diplomatiques, notamment la reconnaissance par Emmanuel Macron de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et la liste d’Algériens jugés « dangereux » à expulser de France, transmise par Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.
Certains observateurs voient dans cette condamnation un enjeu politique plus qu’un simple verdict judiciaire. Selon Le Pays, Boualem Sansal serait moins sanctionné pour ses actes que pour le soutien affiché de la France à son égard. Le journal va jusqu’à qualifier l’écrivain de « mouton de sacrifice du Ramadan ». Pourtant, une issue favorable reste envisageable. L’hypothèse d’une grâce présidentielle accordée par Abdelmadjid Tebboune demeure plausible, surtout dans l’optique d’un réchauffement des relations bilatérales.
Dans ce climat tendu, la préparation d’une visite en Algérie du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est perçue comme une tentative d’apaisement après huit mois de crise. Afrik.com souligne que les dernières déclarations du président algérien, appelant à un retour au dialogue avec Emmanuel Macron, contrastent avec les positions plus offensives de certains responsables français, notamment Bruno Retailleau. Ce dernier, critiqué pour son ingérence dans les dossiers diplomatiques, est accusé d’exploiter la crise algérienne à des fins électorales en vue de la présidentielle française de 2027.
Le Point Afrique adopte une lecture plus optimiste de la situation. Le magazine note que la peine infligée à Boualem Sansal est inférieure à celle requise par le procureur et que la requalification des faits de crime en délit pourrait constituer un signe d’apaisement. L’hebdomadaire cite le bâtonnier d’Alger, Mohammed Baghdadi, qui estime que cette rapidité judiciaire pourrait ouvrir la voie à une grâce présidentielle, à condition que ni le parquet ni l’accusé ne fassent appel.
Du côté de la presse d’opposition, Le Matin d’Algérie dénonce un procès « organisé à la va-vite » pour offrir une issue rapide au pouvoir, surpris par l’indignation suscitée par l’arrestation de Boualem Sansal. Le journal souligne que l’écrivain a bénéficié d’un traitement plus rapide que d’autres dissidents, dont certains militants et journalistes croupissent en détention provisoire depuis des mois sans date de procès.
En une de son édition du vendredi, le quotidien rappelle la longue liste de prisonniers politiques en Algérie, arrêtés pour avoir exprimé leurs opinions sur les réseaux sociaux ou participé à des manifestations pacifiques. Le constat est sans appel : « L’Algérie est devenue la risée du monde ». La presse d’opposition appelle ainsi à une vigilance accrue face à la répression des voix dissidentes et à la défense des libertés fondamentales.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 28/03/2025
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