Le dernier rapport du FMI sur la dette publique sénégalaise fait office de rappel brutal : les illusions et les faux-semblants se heurtent à la réalité des chiffres. Le gap de 7 milliards de dollars, dénoncé par Ousmane Sonko et certains membres de l’opposition, ne constitue pas un scandale caché, mais plutôt un symptôme des erreurs de gestion du pays, amplifiées par des discours populistes et déconnectés de la réalité économique.
Loin d’être un chiffre anodin, ces 7 milliards de dollars, bien que élevés, représentent une fraction infime du budget global de l’État sénégalais, qui avoisine les 6000 milliards de francs CFA. L’idée selon laquelle cette somme serait une aberration financière relève d’un raisonnement simpliste et, de surcroît, trompeur. Pour comprendre la complexité de cette situation, il faut d’abord saisir que ces 7 milliards ne correspondent pas à une malversation ou à un détournement organisé par l’exécutif actuel. Bien au contraire, ils font partie d’une approche beaucoup plus nuancée du financement public, où les dettes publiques réelles se mélangent parfois à celles des entreprises parapubliques.
À ce titre, les récentes déclarations de Sonko et Diomaye accusant le gouvernement de Macky Sall de détournements massifs sont non seulement infondées, mais elles démontrent également une méconnaissance des mécanismes financiers. Le FMI, en tant qu’expert mondial, n’a pas été dupé par ces accusations. Bien au contraire, ses analyses ont permis de clarifier la situation et de révéler qu’une grande partie de la dette reprochée résulte de l’intégration dans la comptabilité publique des dettes de sociétés semi-publiques telles que la Senelec, l’Onas ou l’Agetip.
Mais il ne s’agit pas d’un détail sans importance. Ce type d’endettement, souvent qualifié de dette « off-balance », concerne des opérations urgentes, comme celles liées au financement d’infrastructures publiques, et ne devrait pas être assimilé à une dette longue durée qui pèse directement sur le budget de l’État.
Ce qu’on appelle couramment une « opération de trésorerie » n’est, en réalité, qu’une avance à court terme qui, bien que temporairement inscrite dans les comptes de l’État, n’affecte en rien sa capacité à rembourser ses créanciers. L’exemple des marchés publics est clair : si une entreprise est en attente de paiement, la banque peut avancer les fonds pour assurer la continuité des travaux, sans que cela ne constitue une dette pour l’État. C’est un mécanisme parfaitement compris par le FMI, qui ne s’est pas laissé prendre au piège des faux calculs propagés par l’opposition.
Derrière ce malentendu financier se cache, en réalité, une autre vérité : les accusateurs de l’opposition, qui s’étaient arrogés le rôle d’opposeurs économiques, semblent être ceux qui ont le plus à perdre dans cette affaire. Le FMI, et d’autres instances internationales, ont maintenant mis un terme à la démagogie sur la question de la dette, en exigeant des chiffres réels et transparents avant toute nouvelle opération de décaissement. Ce qui semblait être un argument facile pour ébranler l’administration en place se transforme donc en une gifle cinglante pour Sonko et Diomaye, qui pensaient pouvoir faire écho aux frustrations populaires sans réelle compréhension des mécanismes économiques.
Le FMI, désormais conscient des artifices utilisés pour gonfler les chiffres de la dette, attend de pied ferme des réformes structurelles pour permettre au pays de se redresser financièrement. Il est donc grand temps de cesser de faire passer les faux chiffres pour des vérités absolues et d’assumer pleinement la complexité de la gestion des finances publiques. Pour Sonko et Diomaye, le temps des discours populistes est révolu. La réalité économique les rattrape, et cette débâcle financière doit désormais leur servir de leçon.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibou Ngom.
Mis en ligne : 31/03/2025
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