Mercredi, une délégation de médiateurs de l’Union africaine (UA) est arrivée à Juba, la capitale du Sud-Soudan, avec pour mission de tenter de sauver l’accord de paix du pays, alors que la situation politique et militaire continue de se détériorer.
Cette initiative survient après l’assignation à résidence du premier vice-président Riek Machar, une décision qui a exacerbé les tensions dans un pays toujours marqué par les cicatrices de son récent passé de guerre civile.
Le gouvernement du président Salva Kiir a accusé Machar, ancien chef rebelle et leader de l’opposition, de tenter de raviver un nouveau conflit civil. La situation s’est en effet envenimée avec des affrontements récents dans le nord de l’État du Haut-Nil, où l’armée gouvernementale se trouve en conflit direct avec la milice de l’Armée blanche. Bien que Machar ait des liens historiques avec cette milice, il les nie catégoriquement dans le contexte actuel.
Le Conseil des sages de l’Union africaine, comprenant l’ancien président burundais Pierre Nkurunziza et une juge kenyane, a été chaleureusement accueilli à Juba. Le SPLM-IO, le parti politique de Machar, a salué cette mission comme un pas crucial vers la désescalade des tensions et un effort pour rétablir la paix dans un pays fragile.
Le Conseil de paix de l’’Union africaine, qui supervise cette médiation, a appelé à la libération immédiate de Machar, mettant en garde contre les risques considérables pesant sur l’accord de paix signé en 2018, lequel avait permis de mettre fin à la guerre civile dévastatrice qui a ravagé le pays pendant plusieurs années. Cet accord, fragile mais essentiel, repose sur une fin de conflit qui divise encore profondément le pays le long de lignes ethniques.
Les Dinka, groupe ethnique majoritaire, soutiennent le président Kiir, tandis que les Nuer, deuxième groupe ethnique du pays, sont en grande partie derrière Machar. Les analystes estiment que Kiir cherche à consolider son pouvoir face à un mécontentement populaire croissant, ce qui alimente davantage les tensions et menace la stabilité déjà fragile du Sud-Soudan.
Face à ces dynamiques complexes et dangereuses, l’Union africaine à Juba semble être l’un des derniers remparts contre un retour à la violence à grande échelle. Mais le chemin vers la paix reste semé d’embûches, et la pression sur les médiateurs de l’Union africaine n’a jamais été aussi grande.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 03/04/2025
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