Les quotidiens parvenus jeudi à NotreContinent reviennent en grande partie sur l’adoption, la veille, par l’Assemblée nationale, de la proposition de loi d’interprétation de la loi d’amnistie. Ils mettent également à l’honneur les forces armées, à l’occasion de la commémoration, vendredi, du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance du Sénégal.
« Les dénonciations, cris d’orfraie, accusations, etc. n’y feront rien. Les députés Pastef, ultra-majoritaires, ont voté la proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie sans tambour ni trompette », constate WalfQuotidien.
Rewmi Quotidien précise que 126 députés sur les 165 que compte l’Assemblée nationale ont adopté le texte proposé par le député Amadou Ba, lors d’une plénière marathon de plus de dix heures, où la majorité et l’opposition étaient « à couteaux tirés », rapporte Sud Quotidien.
Le journal rappelle que la loi d’amnistie, votée le 13 mars 2024, concerne des faits susceptibles de qualification criminelle ou correctionnelle liés aux manifestations politiques ayant secoué le Sénégal entre mars 2021 et mars 2024.
Dans des propos rapportés par Source A, l’auteur de cette loi interprétative, le député Amadou Ba du parti Pastef (au pouvoir), explique que son texte vise à délimiter le champ d’application de la loi d’amnistie adoptée sous l’ancien président Macky Sall.
« Amnistie 100 interprétations »
« Les crimes de sang, les meurtres, les assassinats, les cas de torture, les traitements inhumains et dégradants ne font pas partie de la loi d’amnistie », a-t-il martelé, en réponse aux critiques qui fusent contre son initiative.
Les nouveaux tenants du pouvoir, qui avaient promis d’abroger cette loi d’amnistie, ont finalement choisi de l’interpréter, un virage qui divise l’opinion et les acteurs politiques. Le Quotidien traduit cette ambiguïté à travers sa manchette : « Amnistie 100 interprétations ».
« Il n’y a plus de doute. La loi interprétative ne prend pas en compte les destructions et pertes de biens matériels », observe Source A, citant Amadou Ba, qui insiste sur le fait que la nouvelle disposition « ne vise que les atteintes graves aux droits de l’homme ».
« Ainsi, les auteurs de crimes de sang, de tortures et autres traitements inhumains, cruels ou dégradants se retrouvent en sursis par la volonté du parti Pastef qui a décidé de mettre en lumière ces faits… », poursuit Source A.
Avec l’adoption de cette loi d’interprétation, Macky Sall et son dernier ministre de l’Intérieur Antoine Diome se retrouvent désormais « dans le viseur » de la justice, affirme WalfQuotidien. « Maintenant, à la justice de traquer les tortionnaires et les assassins ! », s’exclame de son côté Yoor-Yoor.
Ousmane Diagne et l’indépendance de la justice
Plusieurs journaux signalent que lors de cette plénière, le garde des Sceaux, Ousmane Diagne, a été « acculé » par des députés du pouvoir sur les « lenteurs » dans les poursuites visant des responsables de l’ancien régime.
Le ministre de la Justice s’est défendu : « Le temps de la justice exige de la rigueur et non de la précipitation. Nous exercerons notre mission avec professionnalisme et en toute indépendance », rapporte L’Info.
Dans des propos relayés par Les Échos, il a ajouté : « Je n’ai jamais accepté qu’on fasse pression sur moi. Qu’on ne compte pas sur moi pour exercer la moindre pression sur les magistrats du siège ».
C’est une manière pour Ousmane Diagne de « défendre fermement l’indépendance de la justice », souligne L’As, qui précise toutefois que le ministre « reconnaît qu’il y a des défis structurels », tout en rejetant « toute ingérence politique dans le travail judiciaire ».
Pendant ce temps, Le Soleil évoque bien la proposition de loi d’Amadou Ba, mais met surtout l’accent sur la commémoration des 65 ans de l’indépendance du Sénégal. « Au front du passé et du présent », titre le journal, mettant en avant le rôle des forces armées dans l’histoire et l’actualité du pays.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 03/04/2025
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