Vendredi, la Tunisie a démantelé des camps de fortune abritant des milliers de migrants en situation irrégulière, principalement originaires d’Afrique subsaharienne. Cette opération faisait suite à une campagne virulente sur les réseaux sociaux, qui réclamait leur expulsion.
Les camps, situés au milieu des oliveraies dans les régions d’El Amra et Jebeniana, dans le centre-est du pays, étaient devenus un problème pour les autorités et causaient un mécontentement croissant parmi les habitants des villages alentours.
Environ 20 000 migrants, répartis dans plusieurs camps informels, avaient installé leurs tentes dans ces champs, a précisé vendredi soir à l’AFP Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la Garde nationale.
Depuis jeudi, environ 4 000 migrants de diverses nationalités ont été évacués du camp du « kilomètre 24 », l’un des plus grands de la région, situé à Katatna, a ajouté M. Jebabli.
D’autres camps informels dans la même zone ont également été évacués, et les opérations se poursuivront dans les jours à venir. Selon lui, les autorités sanitaires ont pris en charge les personnes vulnérables et les femmes enceintes.
Interrogé sur le sort des autres migrants, il a indiqué qu’une partie s’était « dispersée dans la nature » et que beaucoup avaient exprimé leur souhait de retourner volontairement dans leur pays d’origine.
Vendredi soir, sur le site du camp du « kilomètre 24 », des chaussures, des restes de nourriture et des effets personnels éparpillés étaient visibles dans l’obscurité, parmi des tas d’objets et de matelas brûlés.
« De nombreux litiges étaient en cours devant la justice à propos de l’occupation de propriétés privées, comme les oliveraies. Il était de notre devoir de mettre fin à toute forme de désordre », a affirmé M. Jebabli.
Fin mars, le président Kais Saied avait demandé à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) d’intensifier ses efforts pour organiser les « retours volontaires » des migrants irréguliers vers leurs pays d’origine.
La question des migrants subsahariens suscite régulièrement des tensions en Tunisie. Le pays est un point de transit important pour les migrants et réfugiés d’Afrique subsaharienne cherchant à rejoindre les côtes italiennes.
En février 2023, le président Saied avait dénoncé l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens », accusant cette situation de menacer « la composition démographique » du pays. Dans les mois suivants, de nombreux migrants avaient été expulsés de leurs logements et de leurs emplois informels, tandis que plusieurs ambassades africaines avaient organisé des rapatriements rapides à la suite d’agressions.
Article écrit par : Madeleine Gueye
Mis en ligne : 05/04/2025
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