En politique, un piège subtil et dangereux se cache derrière la notion de démocratie. Il s’agit de la démocratie synthétique, une démocratie de façade qui fait croire à la participation populaire, à la liberté et à la souveraineté. Mais derrière ces apparences, l’objectif est tout autre : déstabiliser un pouvoir en le faisant passer pour une réponse à la volonté populaire, alors que le véritable but est de manipuler et renverser des régimes en place.
La démocratie synthétique se cache souvent derrière un vernis de pluralisme et de mobilisation citoyenne. Cependant, cette illusion n’est que l’œuvre de forces politiques qui utilisent des canaux bien établis pour orchestrer des protestations en apparence populaires. Il est fréquent de voir des plateformes citoyennes, des syndicats ou des associations devenir des instruments de manipulation. Les médias et des figures publiques viennent ensuite alimenter ce jeu en relayant des messages politiques déguisés en mouvements de contestation populaire.
Le cas du Sénégal : un exemple manifeste
Le Sénégal a connu de près cette réalité lors de la présidence d’Abdoulaye Wade, entre 2008 et 2012. L’opposition de l’époque a magistralement manipulé ce concept de démocratie synthétique pour créer une impression de protestation populaire contre le pouvoir en place. Des structures comme les Assises Nationales ou le M23 ont été présentées comme des espaces de mobilisation citoyenne, mais en réalité, elles étaient largement pilotées par des figures politiques. De même, des mouvements comme Y’en a marre et certains médias privés ont joué un rôle clé dans cette dynamique en alimentant la contestation contre le régime.
Les médias de l’époque, comme ceux de Youssou Ndour ou Madiambal Diagne, sont devenus des acteurs majeurs de cette campagne. Ce n’était plus une simple critique politique ; c’était un combat médiatique où chaque action du pouvoir était examinée sous un prisme négatif, et chaque critique de l’opposition était valorisée, quelle que soit sa véracité.
Macky Sall : les médias qui tournent en rond
Avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, une inversion de posture des médias s’est produite. En effet, ces mêmes médias qui étaient opposants sous Wade se sont faits les alliés du nouveau président. Youssou Ndour est devenu ministre et les grandes organisations médiatiques ont soutenu le régime en place. Mais dès que des signes de fragilité ont émergé au sein du pouvoir en 2021, la machine médiatique a fait un retour au service de l’opposition.
Une presse redevenue instrument de l’opposition
Aujourd’hui, le retour de Sonko et de son camp a vu une nouvelle transformation des médias privés. Ceux-ci ne sont plus neutres, loin de là. De nouveaux chroniqueurs pro-Macky Sall occupent les plateaux télévisés, les éditorialistes répètent que le pouvoir est en crise, et les anciennes plateformes citoyennes (telles que Y’en a marre) refont surface pour critiquer le gouvernement en place.
Ce retour à une presse de combat politique, non plus par une analyse équilibrée mais en suivant une logique économique, idéologique ou de représailles, devrait alerter le régime Sonko/Diomaye.
Le défi du régime Sonko/Diomaye : se défendre intelligemment
Le régime doit faire face à deux grands défis pour ne pas se laisser submerger par la démocratie synthétique. Premièrement, il doit identifier les véritables intentions des mouvements soi-disant citoyens. Le gouvernement doit éviter de répondre par une répression brutale, car cela donnerait de la légitimité à ceux qui manipulent cette « révolte ». En même temps, il doit renforcer sa communication publique de manière transparente et régulière.
Le second défi est de ne pas se laisser tenter par l’utilisation de ces outils de manipulation pour sa propre cause, même sous pression. Recourir à ces pratiques serait une trahison de la nouvelle gouvernance et nourrirait un cercle vicieux de cynisme et de manipulation.
Pour une démocratie véritable
Le peuple sénégalais a montré une grande maturité dans sa quête de démocratie. Ce qu’il réclame aujourd’hui, ce n’est pas une démocratie manipulée, mais une véritable démocratie où les partis politiques gouvernent avec honnêteté, où les médias jouent leur rôle d’information sans partis pris, et où les citoyens peuvent s’exprimer librement sans être instrumentalisés.
Le régime Sonko/Diomaye a un rôle historique à jouer : celui de sortir le Sénégal de cette ère des illusions démocratiques. Pour ce faire, une vigilance constante et une résistance ferme aux manipulations politiques seront nécessaires. La tâche n’est pas facile, mais le peuple sénégalais mérite une démocratie authentique, et non une démocratie de façade.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Diop.
Mis en ligne : 05/04/2025
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