À l’occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, célébrée ce samedi 5 avril 2025, les projecteurs se sont braqués sur un trouble du neurodéveloppement encore largement méconnu au Sénégal, malgré une prévalence estimée à 1,8 % de la population. Un chiffre significatif qui rappelle l’urgence de dispositifs de prise en charge adaptés et accessibles.
Au Centre ressources autisme de Dakar, le Dr Ndeye Awa Dièye, pédopsychiatre et directrice de l’établissement, a profité de cette journée pour tirer la sonnette d’alarme. Selon elle, le manque de visibilité de ce trouble freine sa reconnaissance, tant par les institutions que par la société.
« Dans nos sociétés, on parle davantage de handicap physique, facilement identifiable. Mais lorsqu’il s’agit de handicap mental, et notamment de l’autisme, c’est beaucoup plus complexe, car il n’y a pas de signes visibles », a-t-elle expliqué.
Dr Dièye plaide pour une reconnaissance officielle du handicap mental, qu’il soit visible ou non. Un enjeu crucial pour permettre aux parents d’enfants autistes d’accéder à un accompagnement adapté et à des aides concrètes.
« La prise en charge des troubles du spectre de l’autisme (TSA) est coûteuse et nécessite l’intervention de plusieurs spécialistes : orthophonistes, psychomotriciens, éducateurs spécialisés… Sans cela, il est difficile d’espérer améliorer la qualité de vie de ces enfants », a-t-elle souligné.
Au-delà des aspects médicaux, la scolarisation reste un parcours semé d’embûches pour les enfants autistes au Sénégal. Le manque de formation des enseignants, l’absence de dispositifs d’accompagnement et de classes adaptées conduisent souvent à l’exclusion.
« Ils sont souvent exclus des écoles, car le système n’est pas préparé à les accueillir », regrette la pédopsychiatre.
Elle appelle ainsi à une réforme inclusive du système éducatif, à la reconnaissance des droits des enfants autistes et à une prise en compte du statut des parents, trop souvent livrés à eux-mêmes, sans appui institutionnel.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 6/04/2025
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