L’affaire du drone armé abattu par l’Algérie, et dont l’origine semble provenir du territoire de l’Alliance des États du Sahel (AES), a mis le feu aux poudres dans une région déjà fragile. En réponse, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont rappelé leurs ambassadeurs à Alger. Un geste fort, symbolique, mais aussi alarmant.
Que s’est-il réellement passé ? Les détails techniques restent encore flous, mais une chose est sûre : cet incident aérien n’est pas un simple accident. Il illustre une méfiance grandissante entre deux blocs que tout oppose désormais : d’un côté, une Algérie qui se veut médiatrice régionale, de l’autre, une AES qui assume une posture de rupture avec les anciennes alliances et affiche un nationalisme revendicatif.
Rappeler un ambassadeur n’est jamais anodin. Cela signifie que le dialogue diplomatique est rompu, au moins temporairement. Et cela révèle un profond malaise politique. Il ne s’agit plus simplement d’une querelle de voisinage, mais bien d’une crise diplomatique sérieuse dans une région sahélienne en quête de stabilité et de souveraineté.
Les régimes militaires de l’AES, souvent critiqués pour leur dérive autoritaire, trouvent dans ce type de bras de fer un moyen de galvaniser leurs opinions publiques. En désignant l’Algérie comme adversaire extérieur, ils redirigent l’attention loin des difficultés internes. C’est une stratégie vieille comme le monde. Mais est-ce une voie durable vers la paix ?
Quant à l’Algérie, elle se retrouve acculée, obligée de défendre son espace aérien tout en essayant de préserver son image de puissance stabilisatrice. Cette posture ambivalente devient de plus en plus difficile à tenir face à une AES unie et déterminée.
Ce regain de tensions appelle à une réflexion urgente sur l’état des relations entre pays africains. Doit-on se diriger vers une balkanisation du continent où chaque bloc se replie sur lui-même, armé et prêt à en découdre ? Ou peut-on encore croire en une diplomatie africaine de la retenue, du dialogue, et de la coopération ?
En tout état de cause, l’affaire du drone n’est qu’un révélateur d’un climat politique tendu, où les alliances se font et se défont à une vitesse inquiétante. Il serait temps que les voix sages se fassent entendre avant que le ciel du Sahel ne devienne le théâtre d’une guerre des nerfs aux conséquences incontrôlables.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ndiaye Kane.
Mis en ligne : 09/04/2025
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