Nouveau visage de la justice américaine : Grossesses sous surveillance - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - International | Par Eva | Publié le 10/04/2025 07:04:30

Nouveau visage de la justice américaine : Grossesses sous surveillance

Depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade en 2022, de nombreuses femmes aux États-Unis sont poursuivies après avoir fait une fausse couche, accusées d’avoir avorté. Ces poursuites s’appuient sur la « personnalité juridique » du fœtus, un concept préoccupant qui permet de criminaliser les grossesses.

Selena Maria Chandler-Scott, 24 ans, pensait recevoir de l’aide, mais a fini en prison. Fin mars, elle a été retrouvée inconsciente et couverte de sang dans son appartement en Géorgie après avoir fait une fausse couche à 19 semaines de grossesse.

Les secours sont intervenus, mais la police a affirmé qu’elle aurait « mis le fœtus dans un sac avant de le jeter à la poubelle ». Elle a été arrêtée et inculpée pour « dissimulation de mort » et « abandon de cadavre », avec une peine pouvant aller jusqu’à 13 ans de prison.

Selon Jill Wieber Lens, professeure de droit à l’université de l’Iowa, « Elle a agi ainsi parce qu’elle ne savait pas quoi faire. Et honnêtement, que devrait-on faire dans une telle situation ? » Après quelques jours de détention, elle a été libérée et les charges abandonnées par le procureur, Patrick Warren, qui a expliqué que la décision reposait sur le droit et non sur des émotions.

Malgré cette libération, l’indignation a envahi les réseaux sociaux. Jessica Valenti, autrice de la newsletter Abortion, Every Day, a dénoncé une « banalisation de l’horreur », soulignant que cette situation fait partie d’une stratégie pour normaliser l’extrémisme. Le cas de Chandler-Scott, dans un État où l’IVG est interdit après six semaines de grossesse, n’est pas isolé. Depuis l’annulation de Roe v. Wade, les poursuites contre des femmes enceintes ou ayant perdu leur fœtus se sont multipliées aux États-Unis. Selon l’organisation Pregnancy Justice, au moins 210 femmes ont été poursuivies au cours de la première année après l’annulation de l’arrêt, un nombre record.

En septembre 2023, Brittany Watts, une femme noire de l’Ohio, a été poursuivie après une fausse couche à 22 semaines. Après avoir appris que le fœtus était non viable, elle a dû se rendre à l’hôpital à deux reprises avant d’être prise en charge. Lorsqu’elle a dit que le fœtus était chez elle, une infirmière a alerté la police. La trentenaire est maintenant en procès contre l’hôpital et la police, les accusant d’avoir fabriqué une accusation « d’atteinte à l’intégrité d’un cadavre », passible d’une amende et d’un an de prison.

Amari Marsh, 23 ans, a quant à elle passé 22 jours en prison en Caroline du Sud après une fausse couche survenue aux toilettes. Accusée de meurtre par « maltraitance d’enfant », elle risquait la perpétuité, mais n’a finalement pas été inculpée, bien que cette expérience l’ait profondément traumatisée.

Article écrit par : Soda Marème
Mis en ligne : 10/04/2025

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