La rupture était dans l’air depuis l’alternance politique. En refusant de prolonger le contrat d’Aliou Cissé, pourtant soutenu par Augustin Senghor, le nouveau gouvernement a envoyé un signal fort : l’ère de la connivence entre l’exécutif et la Fédération sénégalaise de football semble révolue.
Proche de l’ancien président Macky Sall, qu’il a publiquement soutenu, le président de la FSF, par ailleurs maire de Gorée, se retrouve aujourd’hui dans une posture délicate face à des autorités qui veulent marquer leur différence.
La tension est palpable. Une situation que Ferdinand Coly, ancien international et figure de la « Génération 2002 », n’hésite pas à commenter.
« Ce n’est pas l’entente parfaite. Je n’inventerais rien en disant que les rapports entre Senghor et l’ancien régime, incarné par Macky Sall, étaient plus fluides. Et je ne vous apprendrais rien non plus en vous disant qu’au Sénégal, mais pas seulement, le politique a tendance à regarder de près les affaires du football », confiait-il récemment à Jeune Afrique. Un constat sans détour, qui traduit les lignes de fracture entre les sphères sportive et politique.
Autre signe du désamour : lors de la récente élection des représentants africains au Conseil de la FIFA, Augustin Senghor n’a reçu aucun soutien de l’État sénégalais. Pire encore, en août dernier, la ministre des Sports l’a sommé de rendre des comptes sur la gestion financière de la Fédération en 2022. Une mise en cause qui n’a rien d’anodin, dans un contexte où les anciens alliés de l’ancien régime sont scrutés à la loupe.
Depuis 2009 à la tête du football sénégalais, Augustin Senghor n’a toujours pas officialisé sa candidature à un nouveau mandat. Une hésitation révélatrice d’un climat incertain. Pour Ferdinand Coly, le doute est permis : « Il a un excellent bilan sportif. Il y a aussi eu des améliorations au niveau des infrastructures, du championnat national. Mais les gens sont partagés : certains souhaitent qu’il continue, d’autres veulent du changement ».
Alors que les élections de la FSF sont prévues en août, le sort d’Augustin Senghor reste suspendu à un équilibre fragile entre bilan sportif flatteur et réalités politiques mouvantes. Une page pourrait bien se tourner dans le football sénégalais.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 11/04/2025
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