Parmi les plats les plus emblématiques du Maghreb, le tajine occupe une place de choix. Savoureux, parfumé, réconfortant, il évoque immédiatement les grandes tablées familiales, la lenteur des cuissons traditionnelles et les arômes envoûtants des épices orientales.
Mais si ce mets semble irréprochable à première vue, il mérite qu’on s’interroge sur ce qu’il apporte réellement à notre alimentation, tant sur le plan nutritionnel que sur ses excès possibles.
D’abord, rendons justice à ses nombreux bienfaits. Le tajine, lorsqu’il est préparé dans les règles de l’art, est un plat équilibré. Il marie des légumes riches en fibres, des sources de protéines variées (poulet, poisson, légumineuses) et des épices aux vertus médicinales, comme le curcuma ou le gingembre. La cuisson lente, à l’étouffée, permet de préserver les nutriments sans noyer le plat dans les matières grasses. C’est une manière saine et ancestrale de cuisiner, qui gagne à être perpétuée.
Mais tout n’est pas aussi idéal dans l’assiette qu’il n’y paraît. Certaines variantes modernes ou trop riches du tajine peuvent s’avérer excessives : trop d’huile, trop de sel, ou une viande grasse comme l’agneau à profusion. Ces excès, répétés, peuvent transformer un plat sain en une véritable bombe calorique. D’autant plus quand on y ajoute du pain blanc en grande quantité, souvent pour saucer généreusement. Là où la tradition prône la modération, la gourmandise moderne prend parfois le dessus.
Un autre danger, plus méconnu, vient du récipient lui-même : certains plats à tajine vendus à bas prix peuvent contenir du plomb dans leurs émaux. Un risque toxique, invisible, mais réel. Il est donc essentiel de choisir un matériel de cuisson certifié et sans danger, ce qu’on oublie parfois dans notre engouement pour l’authenticité.
À mon sens, le tajine reste un merveilleux exemple de cuisine du monde, capable de concilier santé, goût et patrimoine. Mais comme tout aliment, il ne peut être exempt d’un regard critique. Manger traditionnel ne veut pas dire manger sans réfléchir. Il est temps de redonner au tajine sa juste place : un plat riche, complet, à consommer avec amour… mais aussi avec discernement.
En fin de compte, je ne plaide pas contre le tajine, bien au contraire. Je plaide pour un tajine conscient, réinventé sans trahir ses racines. Un tajine qui respecte notre corps autant que nos traditions. C’est ainsi que nous pourrons continuer à le célébrer, génération après génération, sans culpabilité, mais avec intelligence.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Yaye Dabo.
Mis en ligne : 13/04/2025
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