Alors que l’ancien président Macky Sall entame une ascension remarquée sur la scène internationale, certains de ses anciens collaborateurs semblent frappés d’une amnésie sélective. Pendant 11 des 12 années de son règne, ils ont occupé les plus hauts postes de décision, influencé ses choix, cautionné ses méthodes et porté sa vision sans jamais broncher.
Aujourd’hui, ils feignent la distance et l’indignation, comme s’ils n’avaient été que de simples passants sur le pont du navire présidentiel.
La nomination de Macky Sall au Conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim a suscité de vives réactions, parfois outrées, au sein de la classe politique sénégalaise. Et pourtant, cette colère semble plus dictée par une frustration personnelle que par une réelle indignation morale. Car si Macky Sall est tenu pour responsable d’une gouvernance controversée, que dire de ceux qui l’ont accompagné et conseillé durant toutes ces années ? Peut-on se dédouaner si facilement de ses propres responsabilités ?
Comparer Macky Sall à un dictateur tout en se défaussant de sa propre part de Gobbels politique n’est pas seulement indécent, c’est intellectuellement malhonnête. Celui qui fut l’un des principaux architectes du système Sall ne peut aujourd’hui se présenter comme une victime ou un opposant éclairé. À défaut de courage, il aurait au moins fallu du silence. Car la souffrance solitaire que certains ressentent aujourd’hui n’est que le fruit amer d’une loyauté sans recul hier.
Pendant que ses anciens soutiens se cherchent une posture morale, Macky Sall lui, trace sa route. Son intégration dans les sphères internationales, que ce soit à la Fondation Mo Ibrahim ou bientôt à la tribune des Nations Unies, marque une nouvelle étape. Elle dérange, non pas tant par sa nature, mais par ce qu’elle révèle : le monde ne juge pas toujours les dirigeants à l’aune de leurs critiques internes, surtout quand celles-ci viennent d’anciens fidèles en pleine reconversion politique.
En réalité, ce que l’on craint, c’est le retour. Car Macky Sall, en homme politique averti, pourrait bien utiliser cette légitimation internationale comme tremplin pour un come-back national. Et face à une gouvernance hésitante, à des dirigeants peinant à faire flotter la pirogue qu’on leur a laissée, certains commencent déjà à regretter le capitaine précédent. Ironie du sort : ceux qui avaient juré de tourner la page pourraient bientôt être forcés de relire le même chapitre.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 13/04/2025
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