Il est des situations qui, au-delà des apparences, révèlent un profond malaise dans la manière dont nous concevons l’éthique, la responsabilité et la transparence dans la sphère publique. Le cas de Ndèye Khady Ndiaye, ancienne gérante du salon Sweet Beauty, revient aujourd’hui dans l’actualité, suscitant des débats houleux et divisés. Sa récente prise de parole, marquée par une grande assurance, interroge.
Ce n’est pas tant ce qu’elle dit qui étonne, mais plutôt la réaction du camp politique qui, hier, saluait ses interventions sans réserve, et qui aujourd’hui, face à des propos embarrassants, tente de minimiser ou d’effacer le passé. Le revirement est frappant : l’indignation collective laisse place à une gêne palpable, comme si l’on découvrait soudain les effets d’un soutien politique jadis inconditionnel.
En 2021, nombreux étaient ceux qui voyaient dans cette affaire un combat idéologique. Aujourd’hui, certains évitent le sujet, ou appellent à la retenue, alors que les questions demeurent entières. Pourquoi ce silence soudain ? Pourquoi ce besoin de reconstruire la narration ? Peut-on exiger l’exemplarité de l’État tout en se montrant complaisant envers des figures dont le rôle trouble dans l’histoire récente reste non élucidé ?
Il est naturel qu’un changement de pouvoir entraîne un changement de priorités. Mais ce qui dérange ici, c’est l’impression que certaines personnes, par leurs relations, leur passé, ou leur proximité avec des figures du pouvoir, semblent au-dessus de la critique, voire intouchables.
Pendant ce temps, la population, elle, fait face à des réalités dures : crise économique, cherté de la vie, perte de repères moraux. Quand des figures controversées s’expriment avec assurance et que la sphère politique les protège ou détourne le regard, cela envoie un mauvais signal à la jeunesse.
Loin des jugements hâtifs ou des condamnations faciles, ce moment doit plutôt nous pousser à réinterroger les fondements moraux de notre société, et le type de leadership que nous voulons. Est-il encore possible de parler de vertu publique, de justice équitable, de mérite et d’exemplarité dans un climat où les alliances, quelles qu’elles soient, effacent tout ?
Ce que vit le Sénégal aujourd’hui est un tournant. Il appartient à chacun d’en faire une occasion de lucidité, de vérité, et de cohérence. Car c’est à travers la capacité à faire face à son passé, avec honnêteté, que se construit la légitimité du présent.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 14/04/2025
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