L’île de Bassoul, nichée dans le département de Foundiougne (région de Fatick), a été secouée par un double drame qui ravive les plaies d’un système de santé rural à bout de souffle. Le 8 avril dernier, un nourrisson a perdu la vie au poste de santé de l’île.
Moins de 24 heures plus tard, sa mère, une femme d’une trentaine d’années, est décédée à son tour après avoir été renvoyée chez elle, faute de prise en charge adaptée. L’information, confirmée par une source locale, a provoqué une onde de choc dans la communauté.
Le silence des autorités sanitaires contraste avec la colère palpable des habitants, qui dénoncent une situation connue de longue date. En cause, l’absence prolongée de personnel qualifié. « Depuis quatre mois, il n’y a plus de sage-femme sur l’île. Celle qui était affectée ici a été mutée et n’a jamais été remplacée. Depuis, les femmes enceintes sont laissées à elles-mêmes », déplore un résident, la voix nouée d’amertume.
Pour beaucoup, ces décès n’étaient pas une fatalité. L’indignation monte face à ce qu’ils considèrent comme une négligence évitable. Sur cette île d’un peu plus de 3 000 âmes, les urgences obstétricales sont traitées dans des conditions précaires.
Le poste de santé, censé être le premier rempart face aux complications, est aujourd’hui réduit à un bâtiment presque vide, sans personnel qualifié ni ambulance fonctionnelle. « Le seul véhicule disponible est en panne depuis des mois. Ce sont des particuliers qui assurent les évacuations, souvent de nuit, avec tous les risques que cela comporte », témoigne un notable.
Et pourtant, la population ne ménage pas ses efforts. Elle s’est mobilisée pour doter l’île d’infrastructures essentielles : école, poste de santé, dépôt de pharmacie… un investissement communautaire évalué à près de 80 millions de francs CFA. Un engagement qui contraste cruellement avec ce que les habitants perçoivent comme un abandon de l’État.
En quête de réponses et de justice, les résidents interpellent aujourd’hui directement le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ils réclament, sans délai, le déploiement d’une sage-femme qualifiée, la remise en service d’une ambulance et un accompagnement durable pour garantir un accès équitable à des soins de qualité. Une réunion d’urgence avec les autorités sanitaires est espérée dans les prochains jours.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 14/04/2025
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