Ce qui se joue aujourd’hui au Sénégal, sous couvert de croissance et d’investissements étrangers, n’est rien d’autre qu’une forme moderne de prédation économique. Les grandes entreprises, souvent célébrées comme des moteurs de développement, participent activement à l’enracinement d’un système profondément injuste.
Sous le vernis des emplois créés et des chiffres macroéconomiques flatteurs, c’est une réalité brutale qui se dessine : celle d’un pays exploité, pillé, et maintenu dans une dépendance structurelle. Les inégalités sociales ne sont pas des accidents collatéraux : elles sont le produit direct d’un modèle économique conçu pour enrichir une minorité tout en sacrifiant la majorité.
Qu’on ne s’y trompe pas : les multinationales n’investissent pas au Sénégal par philanthropie. Elles viennent chercher des matières premières bon marché, une main-d’œuvre corvéable à merci, et un État souvent trop faible, ou complice, pour imposer des règles. Dans les mines, les champs agricoles ou les puits de pétrole, les mêmes scènes se répètent : populations déplacées, travailleurs sous-payés, environnement détruit. Et pendant ce temps, les profits s’envolent vers les sièges sociaux à l’étranger, laissant derrière eux misère et désillusion. C’est une forme d’esclavage contemporain, maquillée sous les habits du développement.
Pire encore, ces entreprises utilisent des montages fiscaux sophistiqués pour échapper à l’impôt. Elles échappent à leur devoir le plus élémentaire : contribuer au financement de l’école, de la santé, des routes, de l’eau potable. À la place, elles distribuent quelques sacs de riz, construisent une école au nom de la « RSE » et osent appeler cela de la solidarité. Mais nous ne sommes pas dupes. Ces gestes ponctuels ne sont qu’un écran de fumée destiné à dissimuler une réalité : elles ponctionnent plus qu’elles ne donnent. Elles détruisent plus qu’elles ne construisent.
Le résultat, nous le vivons chaque jour : une jeunesse sans avenir, des zones rurales abandonnées, des villes saturées d’inégalités criantes. Tandis qu’une poignée profite des dividendes de ce système injuste, des millions de Sénégalais peinent à se soigner, à s’éduquer, à vivre dignement. Ce n’est pas un hasard, c’est un choix politique. Tant que l’État ne reprendra pas la main, tant qu’il n’imposera pas des règles du jeu équitables, ces entreprises continueront à agir en terrain conquis, renforçant un néocolonialisme économique déguisé en partenariat.
Il est temps de dire stop. Stop à l’impunité. Stop à la complaisance. Le Sénégal ne peut plus être une terre à brader. Il est urgent de mettre en place une régulation forte, de taxer équitablement, de sanctionner les abus, et surtout, de redonner le pouvoir aux citoyens. Car le vrai développement ne viendra pas des multinationales : il viendra de nous, du peuple, mobilisé pour exiger justice, dignité et souveraineté économique. Il est temps de reprendre ce qui nous appartient.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Bassirou D.
Mis en ligne : 15/04/2025
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