Plusieurs établissements pénitentiaires ont été visés en France dans la nuit du lundi 14 au mardi 15 avril, à travers des incendies de véhicules et, à Toulon, des tirs à l’arme automatique. Des actes coordonnés qui pourraient être liés à la lutte engagée par le gouvernement contre le narcobanditisme. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, est attendu sur les lieux.
À Villepinte, en Seine-Saint-Denis, trois véhicules – dont deux appartenant à des agents pénitentiaires – ont été incendiés sur le parking de la maison d’arrêt. Un bidon contenant cinq litres d’hydrocarbure a été retrouvé sur place. D’après les images de vidéosurveillance, deux individus sont entrés dans l’enceinte en escaladant une butte de terre avant d’incendier chacun un véhicule.
D’autres établissements ont été ciblés, notamment ceux de Nanterre (Hauts-de-Seine), Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône) et Valence (Drôme), où certains véhicules avaient été préalablement tagués.
À Toulon-La Farlède, dans le Var, une attaque à l’arme lourde – de type kalachnikov – a visé l’entrée de la prison. Quinze impacts de balles ont été relevés, selon le syndicat FO Justice. Une dizaine de douilles ont été retrouvées sur place. Le parquet de Toulon a ouvert une enquête pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique », confiée à la gendarmerie. Martine Vassal, présidente du département des Bouches-du-Rhône, a par ailleurs indiqué que « dix véhicules pénitentiaires ont été tagués de l’inscription +DDPF+ (Droits Des Prisonniers Français) ».
À Aix-Luynes, deux véhicules et le portail de l’Équipe régionale d’intervention et de sécurité (Éris) ont également été incendiés. À Agen, dans la nuit de dimanche à lundi, sept véhicules ont été détruits ou endommagés par les flammes sur le parking de l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap). Un homme de 43 ans a été interpellé. Le procureur de la République, Olivier Naboulet, a toutefois estimé qu’il était « trop tôt pour dégager des pistes précises » concernant les auteurs ou leurs motivations. Le centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) a lui aussi été visé.
Face à cette vague de violences, le parquet national antiterroriste a annoncé s’être saisi de l’enquête.
Dans un communiqué, le syndicat FO Justice a dénoncé des actes d’une « extrême gravité » : véhicules incendiés, entrées visées par des tirs, et recours à des armes lourdes. Il évoque une « attaque frontale contre notre institution, contre la République et contre les agents qui la servent chaque jour », et réclame une réponse « forte, immédiate et sans ambiguïté » de l’État.
Wilfried Fonck, secrétaire national de l’Ufap-Unsa Justice, appelle à une mobilisation conjointe des ministres de la Justice et de l’Intérieur. Il souligne que l’administration pénitentiaire ne dispose pas des moyens humains suffisants pour sécuriser en permanence les abords des établissements.
Selon une source proche du dossier, citée par l’AFP, ces attaques pourraient être liées à la stratégie de Gérald Darmanin dans la lutte contre le narcobanditisme. Des inscriptions anarchistes ont été relevées sur certains sites.
Depuis sa prise de fonction, le garde des Sceaux a affiché sa volonté d’isoler les cent narcotrafiquants les plus dangereux dans des prisons de haute sécurité. Par ailleurs, l’Assemblée nationale examine actuellement un projet de loi visant à « sortir la France du piège du narcotrafic », incluant la création d’un Parquet national anticriminalité organisée (Pnaco).
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a demandé aux préfets de « renforcer sans délai la protection des agents et des établissements ». Sur X, il a affirmé : « La réponse de l’État devra être implacable. Ceux qui s’en prennent aux prisons et aux agents ont vocation à être enfermés dans ces prisons et surveillés par ces agents », dénonçant des « attaques inacceptables ».
Article écrit par : Awa Sanga.
Mis en ligne : 15/04/2025
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