La crise entre la France et l’Algérie connaît un nouveau tournant. D’après le site Algérie 360, Paris a pris la décision d’expulser douze diplomates algériens en poste sur son territoire. Une mesure qui fait suite à une décision similaire d’Alger, quelques jours plus tôt. Cette escalade inquiète, car elle menace de compromettre le processus de réchauffement amorcé récemment entre les deux capitales.
Toujours selon Algérie 360, cette montée de tensions découle de l’arrestation, en France, d’un agent consulaire algérien, soupçonné d’être impliqué dans une affaire liée au blogueur controversé Amir DZ, réfugié dans l’Hexagone. À Alger, cette arrestation est perçue comme une violation manifeste des règles diplomatiques.
En parallèle, Paris a choisi de rappeler son ambassadeur. Une décision lourde de sens, qualifiée d’« inédite » par Le Matin d’Algérie, qui estime que « cette crise semble cette fois-ci partie pour durer, tant la confiance paraît rompue entre les deux chefs d’État ».
Pour le quotidien officiel El Moudjahid, le principal responsable de cette détérioration est le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Le journal rappelle que le dialogue entre Alger et Paris avait timidement repris après des mois de brouille, notamment grâce à un échange téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, suivi de la visite express du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Mais cet espoir de rapprochement a été vite anéanti par ce que El Moudjahid qualifie d’« incident d’une gravité extrême » : l’interpellation spectaculaire d’un diplomate algérien en fonction, à l’initiative, selon le journal, de Bruno Retailleau. Et de prévenir : « Entre l’Algérie et la France, le rideau ne se relèvera pas tant que les manœuvres obscures de Bruno Retailleau ne seront pas stoppées ».
Le média Algérie Patriotique s’interroge sur la réponse qu’Alger pourrait apporter à l’expulsion de ses diplomates. Une coupure des livraisons de gaz ? L’expulsion du groupe français Total Énergie ? Jusqu’ici, les autorités algériennes se sont gardées de mêler les dossiers économiques aux différends diplomatiques, exception faite du cas marocain. Mais jusqu’où cette crise inédite depuis l’indépendance de 1962 peut-elle aller ?
Déjà, les conséquences économiques se font sentir. Afrik.com souligne que ce regain de tensions complique considérablement les projets des entreprises françaises souhaitant s’implanter en Algérie. « Le patronat français en ferait presque des cauchemars, tant les gesticulations de Messire Retailleau pèsent lourd sur l’économie française », commente le site.
Illustration concrète : Rodolphe Saadé, PDG du géant maritime CMA-CGM, a vu sa rencontre avec le président Tebboune annulée à la dernière minute. Une entrevue où devaient être annoncés d’importants investissements destinés à transformer les ports algériens en hubs stratégiques pour le transport maritime.
Le Monde Afrique s’interroge de son côté sur la nature cyclique des crises entre Paris et Alger : « Pourquoi cette relation ne parvient-elle jamais à se stabiliser ? » Le journal y voit une conséquence directe de la complexité du lien franco-algérien, forgé dans un entrelacs de mémoire coloniale, migrations, intérêts économiques et fractures identitaires.
Mais plus profondément, Le Monde Afrique pointe « l’absence de synchronisation des agendas politiques, stratégiques et judiciaires ». Quand l’un des deux pays semble prêt au dialogue, l’autre est accaparé par d’autres priorités. Même lorsque les diplomates sont en phase, les clivages partisans internes perturbent la dynamique. À cela s’ajoutent les aléas sécuritaires ou judiciaires qui viennent régulièrement gripper les rouages.
Une analyse partagée par Jeune Afrique, qui observe que « chaque fois qu’un dénouement semble possible, la relation franco-algérienne retombe dans ses travers, tiraillée entre promesses de réconciliation et nouvelles tensions ».
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 16/04/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.
