Pendant que le monde brûle, pendant que nos voisins redessinent les contours de leur souveraineté, nous, Sénégalais, continuons à débattre de futilités, embourbés dans des querelles stériles, propulsées par des buzz sans lendemain. À croire que nous sommes devenus accros à la polémique, intoxiqués à la politique spectacle, incapables de hausser le niveau.
Mollah un jour, Nguer le lendemain, puis Badara, aujourd’hui Ndeye Khady Ndiaye… Et demain ? Un autre nom, un autre clash. Sur les réseaux sociaux, la foire d’empoigne est permanente, sans répit, sans profondeur. Et comme toujours, les médias suivent, en quête de clics faciles, alimentant cette spirale qui nous éloigne des vrais enjeux. À force de refléter notre nombrilisme collectif, ils cessent d’être des miroirs pour devenir des amplificateurs du vide.
Mais pendant ce temps-là, que se passe-t-il dans le monde réel ? Une guerre mondiale couve : Trump remet en route la machine de confrontation, Gaza est à feu et à sang, l’Iran cristallise toutes les tensions autour du nucléaire, l’extrême droite gagne du terrain en Europe, et sur notre continent, le Mali, le Burkina et le Niger tournent le dos à la CEDEAO pour poser les jalons d’un nouvel ordre sous le nom d’AES.
Et nous ? Nous bavardons. Nous gesticulons. Nous commentons sans lire, invectivons sans réfléchir. Pendant que l’économie mondiale se fragilise, pendant que les institutions financières comme le FMI affûtent leurs lames contre les États qui osent revendiquer leur autonomie, nous, nous jouons à la politique de quartier, à la guerre des egos sur Facebook et Twitter.
Ce n’est pas une question de pouvoir ou d’opposition. C’est une question de responsabilité collective. Le débat politique n’est pas un luxe ; il est une nécessité. Il doit être vigoureux, exigeant, orienté vers le bien commun. Au lieu de ça, ceux qui tentent de poser des réflexions de fond sont systématiquement moqués, rabaissés, taxés de prétentieux. Les mêmes insultes, les mêmes refrains, les mêmes jugements sans fondement. Et pendant qu’on ridiculise ceux qui pensent, on étouffe la voix de ceux qui pourraient faire avancer ce pays.
Mais avons-nous vraiment les moyens de négliger notre intelligence collective ? Pouvons-nous nous permettre, dans ce contexte mondial hostile, de gaspiller notre matière grise à commenter du néant ? La souveraineté, l’indépendance, la justice sociale ne tomberont pas du ciel. Elles se construisent avec des idées, de la rigueur, de l’unité dans le respect des différences.
Le Sénégal ne manque pas de talents. Il manque de discernement collectif. Il manque de discipline intellectuelle. Il manque d’écoute, de hauteur, de courage politique.
Le temps est venu de relever la tête, d’arrêter de courir après le sensationnel. D’exiger de nos médias, de nos leaders, et surtout de nous-mêmes, un débat à la hauteur des défis. Ce pays mérite mieux que des clashs et des moqueries. Il mérite des idées, de la vision, du respect.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Jules Diatta.
Mis en ligne : 17/04/2025
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