L’enquête sur la gestion des fonds Force Covid-19 se poursuit et continue de dévoiler ses ramifications au plus haut sommet de l’État. Dernier rebondissement en date : l’audition de Léonce Nzally, ancien Directeur de l’administration générale et de l’équipement (Dage) au ministère de la Culture, déféré mardi dernier au parquet.
Selon les informations du journal Libération, qui a eu accès au procès-verbal de son audition devant les enquêteurs de la Division des investigations criminelles (DIC), Léonce Nzally a tenté de se dédouaner de toute responsabilité dans l’absence de justificatifs liés à un montant de 1,120 milliard de francs CFA. Il a notamment évoqué le cas de 530 millions qu’il dit avoir été destinés à des « ténors de la musique sénégalaise ».
D’emblée, l’ex-Dage a mis en cause une prétendue erreur de la Cour des comptes. À l’en croire, les fonds Force Covid-19 avaient été répartis ainsi : 1 milliard de francs CFA à la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav), 50 millions au Réseau national des communicateurs traditionnels, 50 millions au sous-secteur Mode et Stylisme, et 20 millions pour le patrimoine historique.
Nzally a ensuite expliqué que la Sodav, après avoir distribué une partie de l’argent aux ayants droit — soit 470 millions de francs —, lui avait retourné un chèque de 530 millions, accompagné des pièces justificatives. C’est sur ce reliquat que l’affaire se corse.
Selon lui, le ministre de la Culture de l’époque, Abdoulaye Diop, aurait saisi le président de la République d’alors, Macky Sall, pour l’informer de cette somme restante. Réponse du chef de l’État ? Une instruction claire, accompagnée d’une liste nominative de musiciens et d’un barème précis, demandant que les fonds soient redistribués selon ses directives personnelles. Une version qui, si elle se confirmait, placerait l’exécutif au cœur de cette opération financière controversée.
Mais Nzally se dédouane. Il affirme n’avoir joué aucun rôle dans la mise en œuvre de cette redistribution. Il dit n’avoir ni reçu la liste complète ni obtenu les pièces justificatives prouvant la remise effective des fonds. Seules traces en sa possession : des chèques correspondant à des versements faits à 18 artistes et à la Mutuelle de santé des artistes, pour un total de 308 millions de francs CFA.
Que dire alors des 222 millions restants ? L’ex-Dage botte en touche, suggérant que la liste dont il dispose est peut-être incomplète. Il renvoie la balle à la Direction des arts, qu’il invite les enquêteurs à interroger pour obtenir davantage d’éclaircissements.
Alors que l’opinion publique attend toujours des réponses concrètes sur l’utilisation des fonds destinés à faire face à la pandémie, cette affaire soulève de nouvelles questions sur les circuits de financement, les responsabilités politiques et administratives, mais surtout, sur le silence assourdissant de certains bénéficiaires potentiels.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 17/04/2025
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