La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, traverse une période difficile. Déjà fragilisé par un climat capricieux, le secteur du cacao se voit désormais confronté à de nouvelles menaces. L’initiative de l’administration Trump, qui prévoit des droits de douane sur les produits ivoiriens, pèse lourdement sur l’industrie du cacao ivoirien.
Bien que le président américain ait accepté de reporter la mise en place de cette taxe pour trois mois, l’impact sur la vente des fèves est déjà perceptible.
Dans la région de N’gattakro, au cœur du pays, des agriculteurs s’efforcent de maintenir leurs plantations, mais la situation devient de plus en plus compliquée. Le climat, marqué par des périodes de sécheresse, complique la récolte, et les menaces de sanctions économiques alourdissent encore davantage le fardeau des producteurs.
« Le prix n’est pas bon. Si on entend que le président américain est venu mettre une taxe sur le prix du cacao, ce n’est vraiment pas bon pour nous, ça ne nous aide pas », déplore Salif Traoré, un producteur de cacao de la région. Une inquiétude partagée par de nombreux cultivateurs, pour qui l’incertitude du marché international fait peser une menace sur leur activité quotidienne.
L’administration Trump a en effet décidé d’imposer une taxe de 21 % sur les produits ivoiriens. Une mesure qui affecte directement le secteur du cacao, principal produit d’exportation de la Côte d’Ivoire vers les États-Unis. Résultat, des sacs de fèves s’entassent dans les réserves des producteurs, faute de débouchés.
« Vous voyez, cette réserve est pleine. La taxe douanière de Donald Trump nous pose des problèmes. À cause de cela, les gens ne peuvent pas acheter nos produits. Nous en ressentons déjà les effets, donc s’il y a une solution à ce problème, nous serons contents », explique Boss Diarra, coordinateur du syndicat des producteurs de cacao.
Bien que la mise en œuvre de la taxe ait été repoussée de 90 jours, l’incertitude demeure. Pour les autorités ivoiriennes, il est urgent de trouver de nouvelles alternatives pour compenser la perte du marché américain.
Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, précise : « Nous sommes touchés parce que nous avons à peu près 4 % de nos échanges avec les États-Unis, cela concerne essentiellement le cacao, le caoutchouc, et un peu l’anacarde. Nous devons d’abord essayer de voir quels sont les nouveaux débouchés que nous pouvons trouver pour nos produits afin de pouvoir compenser cette perte. »
Dans le cas où la situation ne se stabiliserait pas, l’Europe demeurerait l’unique débouché « crédible » pour le cacao ivoirien. Mais les producteurs et les autorités espèrent une issue rapide pour éviter une crise qui pourrait affecter bien plus que les finances du pays.
Article écrit par : Sophie Diop
Mis en ligne : 17/04/2025
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