L’Alliance pour la République (APR) ne compte pas se laisser faire. Accusé de tous les maux dans le sillage du rapport explosif de la Cour des comptes, le parti de l’ancien président Macky Sall a décidé de riposter. Hier, lors d’une conférence de presse très attendue, Pape Malick Ndour, flanqué de plusieurs responsables et alliés, a exposé la stratégie défensive du camp républicain. Objectif : démonter, point par point, ce qu’ils qualifient de « diabolisation systématique » orchestrée par le Pastef.
Depuis son départ du pouvoir, Macky Sall semble manœuvrer en coulisses. Selon nos informations, l’ex-président a instruit ses lieutenants de mettre en place un groupe de travail dédié à la contre-attaque.
Ce dernier a déjà produit un document en guise de réplique : un contre-rapport, en versions française et anglaise, qui sera rendu public et transmis aux partenaires internationaux. Une démarche que Pape Malick Ndour assume pleinement : « Depuis son accession au pouvoir, le Pastef semble animé par une seule obsession : noircir le bilan élogieux du régime précédent et discréditer Macky Sall et son parti.
Au cœur de la polémique : les conclusions de la Cour des comptes sur la gestion budgétaire de 2019 à 2024. Mais pour l’APR, ce document ne tient pas la route. Selon Pape Malick Ndour, la Cour ne procède pas à un audit en bonne et due forme, mais se base sur des éléments fournis par l’exécutif. Il en veut pour preuve la validation du rapport par la seule Chambre des affaires budgétaires et financières (CABF), et non par l’Assemblée plénière des Chambres, comme l’exige pourtant l’article 19 de la loi organique sur la Cour.
Pis encore, un climat de malaise régnerait, selon lui, au sein même de l’institution. « Le rapport a été élaboré dans des conditions opaques, en violation des règles de procédure. Cela jette un doute sérieux sur son authenticité et sa crédibilité », dénonce-t-il.
L’APR dénonce également le non-respect du principe du contradictoire, pourtant pilier fondamental de toute démarche d’audit. « Depuis quand un rapport est-il exclusivement à charge ? », s’interroge Ndour. Selon lui, même le président de la Cour des comptes aurait botté en touche, affirmant que cette responsabilité relevait du ministère des Finances.
Autre sujet de discorde : l’existence de deux versions du même rapport. « L’une provisoire, sans données précises sur la dette bancaire ; l’autre dite définitive, dans laquelle surgissent de nouveaux montants qualifiés de “dette cachée” », affirme Ndour, qui exige des éclaircissements sur ce glissement terminologique.
Toujours offensif, Pape Malick Ndour s’en est aussi pris à Ousmane Sonko, qu’il accuse de chercher un nouvel ennemi à accabler : le FMI. « Il le rend désormais responsable de tous les torts. Pourtant, les relations entre le Sénégal et le Fonds ont toujours été exemplaires », ironise-t-il.
Selon lui, l’échec du pouvoir à mobiliser l’opinion autour du rapport est patent. La « marche nationale » annoncée pour exiger la mise en accusation de Macky Sall ? Un non-événement, selon l’APR. « Le peuple ne suit pas ce stratagème politicien. Pastef a perdu la bataille de l’opinion, et aujourd’hui, il se tourne vers l’instrumentalisation de la justice », accuse Ndour.
En multipliant les sorties médiatiques et en produisant un contre-rapport, l’APR veut reprendre la main. Mais cette stratégie défensive suffira-t-elle à convaincre face aux soupçons qui pèsent sur l’ancien régime ? Si la riposte est vigoureuse, elle n’en soulève pas moins une question : s’agit-il d’une clarification nécessaire ou d’une opération de sauvetage politique ? L’avenir — et peut-être la justice — tranchera.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 18/04/2025
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