Il est une vérité que personne ne devrait fuir : le franc CFA n’est pas une fatalité. Il ne s’agit pas d’un pacte diabolique gravé dans le marbre de l’histoire coloniale, mais d’un choix politique, réversible à tout moment par la volonté souveraine d’un État.
Aujourd’hui, Ousmane Sonko n’est plus un simple pourfendeur du système depuis les bancs de l’opposition. Il est Premier ministre de la République du Sénégal, à la tête d’un gouvernement majoritaire à l’Assemblée nationale. Autrement dit, il dispose des leviers nécessaires pour traduire en actions ce qu’il dénonçait hier dans les rues et sur les tribunes populaires.
Il est donc légitime de poser la question : qu’attend-on pour sortir du franc CFA ?
L’histoire est pourtant claire : la Guinée a claqué la porte dès 1960, suivie par Madagascar et la Mauritanie en 1973. Le Mali, lui, a tenté l’aventure monétaire indépendante en 1962 avant de revenir, deux décennies plus tard, dans le giron du CFA, non pas sous la menace, mais par calcul stratégique. Aucune de ces décisions n’a provoqué de représailles sanglantes. Aucun chef d’État n’a été éliminé pour avoir quitté la zone franc. La légende d’une France prête à assassiner tout dirigeant rebelle est un récit commode, mais infondé.
Par ailleurs, la zone CFA a même été rejointe volontairement par certains États qui ne sont pas issus de la colonisation française, comme la Guinée-Bissau ou la Guinée équatoriale. Ces exemples prouvent que la relation au CFA est une question de pragmatisme économique et diplomatique, et non une prison dont personne ne peut s’échapper.
Dès lors, continuer à dénoncer le franc CFA sans amorcer de rupture concrète revient à entretenir une posture victimaire qui ne fait plus illusion. Il est facile de rejeter la faute sur l’ancien colonisateur, mais il est plus courageux d’assumer ses responsabilités une fois au pouvoir.
Le peuple sénégalais n’a pas élu des leaders pour qu’ils ressassent les discours d’hier, mais pour ouvrir une nouvelle voie, audacieuse, assumée, cohérente. Quitter le CFA n’est pas un saut dans le vide, c’est un pari sur la dignité, la maîtrise de notre politique monétaire et la redéfinition de notre souveraineté.
Alors, s’il y a vraiment une volonté de rompre avec le système monétaire hérité du passé, qu’on cesse les effets d’annonce. Ceux qui ont aujourd’hui le pouvoir ont aussi le devoir d’agir. Il est temps d’arrêter les demi-mesures et les discours creux. Car la vraie rupture ne se proclame pas, elle se construit.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : François X..
Mis en ligne : 20/04/2025
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