Alors que Moscou annonçait un cessez-le-feu unilatéral à l’occasion de la fête de Pâques orthodoxe, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi en se disant prêt à « faire de même » si la Russie s’engageait réellement. Dans un message publié sur X, il a même proposé d’« étendre le cessez-le-feu au-delà du 20 avril ». Mais les espoirs d’accalmie ont été rapidement douchés par les faits sur le terrain.
Dans la soirée de samedi, Zelensky constatait la poursuite des « assauts russes dans plusieurs secteurs du front », en dépit des déclarations du Kremlin. Une alerte antiaérienne a d’ailleurs retenti à Kiev, preuve que la menace restait bien réelle. « Les déclarations de Poutine concernant Pâques n’ont pas été entendues dans les régions de Koursk et de Belgorod », a ironisé le chef de l’État ukrainien.
Sur sa page Facebook, Zelensky a précisé dans la matinée du dimanche de Pâques que les bombardements, les attaques par drones et les assauts russes avaient continué durant la nuit, notamment dans les zones sensibles de Kherson et Zaporijjia. S’appuyant sur un rapport du commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, il a décrit une situation ambivalente : un simulacre de cessez-le-feu accompagné de nombreuses violations.
Entre 18h et minuit, les forces russes auraient ainsi mené 387 bombardements et 19 assauts, en plus du déploiement de dizaines de drones. Depuis minuit, 59 cas de bombardements et cinq assauts supplémentaires ont été signalés.
Le chef d’état-major ukrainien, Oleksandre Prokoudine, a confirmé que « les combats se poursuivent » malgré les promesses russes. L’artillerie et les drones ennemis continueraient d’opérer sur plusieurs points du front.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriy Sybiga, s’est montré particulièrement sceptique : « Nous savons que les paroles de Poutine ne sont pas dignes de confiance et nous examinerons les actes, pas les déclarations ». Une méfiance largement partagée par les soldats ukrainiens, toujours en première ligne.
Du côté russe, cette trêve surprise a été présentée comme un geste humanitaire et spirituel. Mais au-delà de la symbolique religieuse, elle semble également s’adresser à la communauté internationale. Face aux critiques venues de Washington et Bruxelles, qui soupçonnent Moscou de chercher à gagner du temps, Vladimir Poutine tente d’imposer un narratif inverse : renvoyer Kiev à ses responsabilités et tester sa volonté réelle de négociation.
C’est la première fois depuis le début du conflit, il y a plus de trois ans, que Moscou annonce un cessez-le-feu touchant la totalité du front. Officiellement, ce geste serait dicté par le respect des célébrations pascales et la tradition orthodoxe, centrale dans la structure du pouvoir russe. Toutefois, le président russe a averti que toute violation entraînerait une riposte immédiate de son armée.
Article écrit par : Emmanuel Ndour
Mis en ligne : 21/04/2025
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