En 2025, faut-il encore rappeler que mutiler le corps d’une fillette au nom de traditions ou de croyances relève d’une violence inacceptable ? Pourtant, en Gambie, un pays où 73 % des femmes et des filles de 15 à 49 ans ont subi des mutilations génitales féminines (MGF), un député et plusieurs associations religieuses osent aujourd’hui réclamer la légalisation de l’excision. Une honte. Un recul. Une attaque frontale contre les droits fondamentaux des femmes.
La Cour suprême de Gambie a accepté d’examiner leur plainte. Oui, la plus haute juridiction du pays considère légitime d’entendre ceux qui souhaitent rétablir une pratique barbare, pourtant interdite depuis 2015. Une loi alors saluée comme une avancée historique, même si, en réalité, elle n’a jamais suffi à éradiquer la mutilation. La réalité est implacable : dans de nombreux villages, l’excision continue, en silence, avec la complicité passive d’une partie de la société.
Ce retour en force du débat, alimenté par le député Almameh Gibba – déjà auteur d’une tentative législative similaire en 2024 – n’est pas un simple fait divers parlementaire. C’est une attaque politique contre les corps des femmes. Sous couvert de défendre la « culture » ou la « religion », ces partisans d’un autre âge tentent de réintroduire la domination patriarcale la plus brutale, celle qui commence dès l’enfance par un acte de douleur, de sang, de soumission.
Mais les femmes se lèvent. Les survivantes parlent. En juillet dernier, elles étaient des dizaines, certaines avec leurs cicatrices visibles ou invisibles, à manifester devant l’Assemblée nationale. Elles ont dit non. Non à la mutilation. Non à l’hypocrisie. Non à ce système qui prétend protéger la tradition quand il sacrifie la dignité humaine.
Il n’y a pas de débat possible sur l’excision. Il n’y a pas de demi-mesure. Il ne s’agit pas d’un « choix culturel » mais d’un crime contre l’intégrité physique des filles. Les Nations unies, les associations de défense des droits humains, les experts en santé publique le disent : les MGF causent des douleurs extrêmes, des infections, des hémorragies, la stérilité, des traumatismes à vie. Elles mettent en danger la vie des femmes à chaque accouchement. Elles tuent.
Le combat pour l’abolition définitive de l’excision ne peut être ralenti par des manœuvres politiques rétrogrades. Ce combat est celui de toutes les générations, de toutes les consciences, de tous les peuples qui croient en la liberté, l’égalité et la dignité.
En Gambie, comme ailleurs, il est temps de dire haut et fort : nos corps ne sont pas vos champs de bataille. L’excision ne reviendra pas. Pas aujourd’hui. Pas demain. Jamais.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Awa Badji.
Mis en ligne : 21/04/2025
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