Au Sénégal, on parle, on débat, on critique, mais très peu se retroussent les manches. À croire que la société s’est endormie dans une douce illusion : celle où le développement se décrète par des statuts WhatsApp, se revendique dans des clashs TikTok et se remplace par des illusions de richesse facile et de plaisir immédiat. Pendant que d’autres nations tracent des routes vers le progrès, nous, nous perdons dans la superficialité.
Il suffit de faire un tour sur les réseaux sociaux pour comprendre à quel point la décadence culturelle et morale a pris le dessus. Ce qui devrait être des outils de conscientisation et de mobilisation citoyenne sont devenus des vitrines d’un culte décomplexé de l’argent facile, du corps-objet et du luxe instantané.
Des jeunes filles abandonnent les bancs de l’école pour les bancs de maquillage, convaincues que leur avenir se joue dans la courbe de leurs hanches plutôt que dans l’étendue de leurs compétences. Et elles n’ont pas complètement tort. Car elles évoluent dans une société où les hommes sont prêts à tout donner, sauf le respect, pour un moment de plaisir charnel. Où des jeunes hommes dépensent des millions pour « entretien de go » pendant qu’eux-mêmes n’ont ni projet, ni vision, ni stabilité.
Quant à la jeunesse masculine, elle rêve de richesse sans sueur, de succès sans sacrifice. Les débats tournent autour de « qui a le dernier iPhone », « qui sort avec qui », « qui vit à Dubaï ». L’ascension sociale se mesure en followers, pas en idées. L’entrepreneuriat est réduit à des arnaques maquillées en business. Le travail dur est moqué, l’effort est ringardisé.
Les écoles publiques croulent, les hôpitaux manquent de tout, les zones rurales sont oubliées, les jeunes diplômés chôment. Mais rien de tout cela ne semble suffire pour provoquer une prise de conscience collective.
Ce constat est dur, peut-être choquant, mais il est temps d’avoir le courage de regarder notre réalité en face. Il ne s’agit pas d’accuser seulement la jeunesse, mais de pointer une tendance générale qui menace l’avenir même de notre pays. Le Sénégal ne se construira pas sur des illusions. Il ne décollera pas avec une population distraite par des futilités.
Le temps des discours est terminé. Le développement ne tombera pas du ciel. Il se mérite. Il se prépare. Il s’arrache. Et cela commence par un changement de mentalité, une redéfinition des modèles de réussite, une revalorisation du savoir, de l’effort, de l’intégrité.
Les influenceurs doivent influencer autrement. Les parents doivent éduquer avec responsabilité. L’État doit inspirer par l’exemple. Et la jeunesse, cette jeunesse si précieuse, doit comprendre que le vrai luxe, c’est la dignité.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 23/04/2025
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