L’arrivée sur le marché du transport interurbain de la société Machalla, dirigée par Houreye Thiam, a déclenché une vive controverse dans la région sud du Sénégal. Mardi matin, un bus flambant neuf de la compagnie a été violemment pris pour cible à Ziguinchor, en pleine circulation et sous les yeux des forces de l’ordre.
L’incident, survenu peu après 10 heures, a vu un groupe de transporteurs locaux s’en prendre physiquement au véhicule, estimé à plus de 100 millions de FCFA.
Des pierres ont été lancées, brisant plusieurs vitres du bus, tandis que les passagers, paniqués, tentaient de se mettre à l’abri. La police, présente sur les lieux, a utilisé des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants, évitant de justesse une escalade. Aucun blessé n’a été enregistré, mais la tension reste palpable.
Alertée, la gendarmerie est intervenue pour escorter le bus hors de la ville, assurant sa sécurité jusqu’à la sortie de Ziguinchor. Selon les protestataires, l’arrivée de Machalla sur la ligne Dakar-Ziguinchor serait une menace directe à leur activité. Ils dénoncent ce qu’ils qualifient de « concurrence déloyale », pointant du doigt le maire de la ville, Djibril Sonko, qu’ils jugent responsable de cette ouverture du marché.
« Le transport est réglementé. Nous n’accepterons pas cette intrusion injuste. Si rien n’est fait, nous allons paralyser le secteur », a déclaré Papis Touré, président de la gare routière de Ziguinchor. Il a également annoncé un boycott du paiement des taxes dès ce mardi, en guise de protestation.
De son côté, Houreye Thiam n’a pas tardé à réagir via un communiqué publié sur sa page Facebook : « Le Sénégal est un État de droit. Nous condamnons avec fermeté cette attaque. Nous allons porter plainte et demandons que justice soit rendue. » La patronne de Machalla rejette toute accusation de concurrence illégale et appelle à un strict respect des textes qui régissent le secteur.
Quelques heures après les événements, les forces de sécurité ont procédé à l’arrestation de sept personnes, parmi lesquelles figurent des figures de proue du transport local comme Papis Coly, Papis Guèye et Baba Diouf. Ils sont poursuivis pour participation à un attroupement non autorisé, entrave à la circulation, atteinte à la liberté de travail et destruction de biens.
Ils doivent être présentés ce mercredi devant le procureur de la République, et risquent un placement sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor.
La crise du transport dans la région sud prend ainsi un nouveau tournant, dans un contexte où l’ouverture du secteur au privé reste un sujet hautement sensible.
Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 23/04/2025
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