Au Sénégal, l’obtention d’un diplôme devrait symboliser la reconnaissance des compétences acquises et faciliter l’insertion professionnelle. Toutefois, pour de nombreux étudiants des établissements de formation professionnelle privés, cette reconnaissance se transforme souvent en une véritable épreuve. Le non-renouvellement des accréditations par certaines écoles prive en effet leurs diplômés de la reconnaissance officielle de leur formation.
Créé en 1968, le CAMES (Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur) et l’ANAQ-Sup (Autorité nationale d’assurance qualité de l’enseignement supérieur), fondée en 2012, sont les institutions de référence en matière d’accréditation des diplômes au Sénégal. Elles assurent la qualité des formations et garantissent la validité des diplômes, tant au niveau national qu’international.
Cependant, certaines écoles, jadis reconnues par ces institutions, ne renouvellent pas leurs accréditations une fois le délai de cinq ans écoulé. Résultat : leurs diplômes deviennent obsolètes, perdant ainsi leur validité aux yeux des autorités et des recruteurs.
Idrissa Ndiaye, ancien étudiant à la Faculté des sciences de l’UCAD, met en garde : « Avant de s’inscrire dans une école, les étudiants doivent vérifier si l’établissement dispose d’une accréditation valide. » Selon lui, obtenir un diplôme non reconnu revient à une arnaque. « L’État doit intervenir et fermer les écoles qui ne respectent pas les normes de qualité », insiste-t-il.
Coumba, étudiante à Ensup Afrique, évoque les conséquences dramatiques de ce manque de rigueur dans le suivi des accréditations : « Sans un diplôme reconnu, il est impossible de poursuivre des études à l’étranger ou d’accéder à certains postes. Certains sont contraints de recommencer leur parcours, ce qui constitue une perte de temps considérable. »
Un fonctionnaire, souhaitant garder l’anonymat, critique également le manque de sérieux de certaines écoles privées, qu’il compare défavorablement aux universités publiques : « Il faut un suivi plus rigoureux de la part des institutions privées », déclare-t-il.
Cependant, pour Rokhaya Faye, étudiante à AMDI Santé, l’essentiel reste l’acquisition de compétences. « Le statut du diplôme est important pour les entreprises, mais pour moi, ce qui compte avant tout, c’est la compétence. Un diplôme sans savoir-faire est inutile. Si je crée ma propre entreprise, je ne jugerai pas un candidat uniquement sur la reconnaissance officielle de son diplôme », précise-t-elle.
Face à cette situation, les étudiants réclament une régulation plus stricte du secteur de la formation privée, avec une publication régulière des listes d’établissements accrédités, afin de protéger les futurs diplômés contre les mauvaises surprises.
Article écrit par : Awa Sagna.
Mis en ligne : 26/04/2025
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