À 99,67 % du PIB, la dette publique du Sénégal atteint aujourd’hui un seuil critique. Avec un déficit budgétaire de 12,3 %, le pays avance dangereusement sur une ligne de crête, où la moindre secousse pourrait précipiter une crise économique majeure.
Et pourtant, le gouvernement continue d’afficher des ambitions de développement sans jamais s’interroger sur la solidité réelle des fondations financières qu’il malmène à coups d’emprunts successifs.
Comment prétendre bâtir des infrastructures durables, attirer des investissements sérieux ou sortir une population de la précarité avec une dette aussi abyssale ? Cette fuite en avant ressemble moins à un projet de société qu’à une course effrénée à l’endettement, maquillée sous des slogans de modernisation. Il est illusoire de parler de « progrès » alors que le service de la dette étranglera les marges de manœuvre des générations futures.
Chaque nouveau projet annoncé routes, ponts, villes nouvelles, sonne comme un cliquetis de chaînes supplémentaires autour de l’économie nationale. L’État promet, multiplie les inaugurations, mais dans les coulisses, les bailleurs de fonds fixent discrètement les échéances et les intérêts. Le développement n’a de sens que s’il repose sur des bases saines ; ici, on bâtit sur un sable mouvant qui se dérobe chaque jour un peu plus sous nos pieds.
Concilier ambitions et dette nécessiterait, avant tout, de faire preuve de discipline budgétaire, de revoir la hiérarchie des priorités, et surtout de cesser de traiter l’endettement comme une ressource infinie. L’obsession de la croissance à tout prix sans équilibre budgétaire réel est un mirage dangereux qui finira par coûter plus cher que n’importe quel retard de développement supposé.
La situation actuelle exige un sursaut de lucidité : investir, oui, mais dans ce qui est immédiatement rentable économiquement et socialement ; restructurer la dette intelligemment ; réduire le train de vie de l’État ; lutter sans compromission contre les gaspillages et la corruption. Tout autre discours relèverait d’une fuite en avant irresponsable.
Le Sénégal peut rêver grand, mais il ne peut plus se permettre de rêver à crédit. Le temps des artifices est révolu. Le pays doit choisir : construire patiemment sur des bases solides, ou continuer à s’illusionner jusqu’au jour où les chiffres rouges deviendront une réalité brutale impossible à maquiller.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Madeleine.
Mis en ligne : 30/04/2025
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