Dans notre monde saturé de notifications, de sollicitations et de bavardages incessants, il est devenu de plus en plus difficile de s’entendre soi-même.
Apprendre à s’écouter véritablement, à plonger dans ce silence intérieur qui révèle nos besoins profonds, nos peurs, nos désirs authentiques, est aujourd’hui une compétence aussi rare que précieuse. Pourtant, elle devrait être au cœur de notre éducation, de notre construction personnelle, de notre quête de sens.
La première difficulté vient de notre environnement : le bruit n’est plus seulement sonore, il est mental, émotionnel, numérique. Chaque instant libre est occupé par une distraction, un défilement sur les réseaux sociaux, un message à envoyer, une vidéo à consommer. Même lorsque nous croyons nous reposer, nous sommes souvent en train de fuir cet espace vide en nous. Le silence intérieur, au lieu d’être un refuge, est perçu comme un inconfort, presque une menace. Car dans ce silence surgissent des questions dérangeantes : Suis-je heureux ? Suis-je sur le bon chemin ? Pourquoi ai-je peur ?
C’est précisément là que réside sa valeur. Le silence intérieur n’est pas une absence, c’est un espace vivant, un miroir sans fard de ce que nous sommes réellement. Il demande du courage. Apprendre à s’écouter suppose d’accepter ce que l’on va entendre : des envies que l’on a refoulées, des colères que l’on a niées, des tristesses que l’on a maquillées en indifférence. Peu de gens aujourd’hui sont prêts à cet exercice d’honnêteté radicale avec eux-mêmes. Il est plus facile, il est plus confortable, de remplir le vide.
Pourtant, ceux qui font cet effort savent à quel point il est libérateur. Retrouver son silence intérieur, c’est se reconnecter à une forme de souveraineté personnelle. Ce n’est plus l’opinion des autres, la mode du moment, ni même les attentes de notre entourage qui dictent nos choix, mais une fidélité intime à ce que nous ressentons de plus vrai. Apprendre à s’écouter, c’est donc aussi apprendre à décider mieux, à aimer mieux, à vivre mieux.
Ce que nous perdons en ignorant ce silence est immense : nous nous éloignons de nous-mêmes, nous devenons étrangers à nos propres vies. Les conséquences sont visibles partout : épuisement, perte de sens, agitation permanente, maladies du stress. Dans un monde qui valorise la vitesse et le bruit, choisir de ralentir, de se taire, de plonger en soi devient un acte de résistance douce mais puissante.
Il est urgent de réhabiliter cette compétence oubliée. Apprendre aux enfants, aux adolescents, aux adultes même, à apprivoiser leur silence, à écouter sans peur ce qu’il révèle. Ce n’est pas un luxe de privilégiés ou une mode spirituelle. C’est une nécessité vitale. Car celui qui ne sait pas s’écouter ne sait pas vraiment vivre.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cheikh Tidiane.
Mis en ligne : 30/04/2025
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