Laurent Gbagbo continue de tisser son influence sur la vie politique ivoirienne, plusieurs années après avoir été tenu responsable de l’une des crises les plus meurtrières du pays.
Malgré les souvenirs encore vifs du chaos de 2010-2011, son retour est accueilli avec une bienveillance inquiétante, comme si la mémoire collective avait choisi d’effacer les conséquences dramatiques de son obstination.
La Côte d’Ivoire a payé au prix fort l’entêtement d’un homme refusant de reconnaître sa défaite électorale. Le pays a sombré dans une guerre civile, les morts se sont comptés par milliers et les divisions communautaires se sont ancrées durablement. Aujourd’hui, le fait même que Gbagbo soit redevenu une figure politique respectée montre à quel point les leçons du passé n’ont pas été pleinement tirées.
Il est vrai que la désillusion envers ses successeurs nourrit ce regain de popularité. Mais faut-il pour autant recycler des responsables d’hier, alors qu’ils ont échoué à protéger la nation ? Ressusciter Gbagbo, ce n’est pas tourner la page, c’est rouvrir les blessures. C’est maintenir la Côte d’Ivoire dans une spirale où l’ancien est toujours préférable à l’inconnu, même au prix de la stabilité.
En restant prisonniers de cette logique de nostalgie, les Ivoiriens risquent d’envoyer un signal désastreux à la jeunesse : aucun échec n’est disqualifiant, aucune faute n’est rédhibitoire. C’est entériner l’idée que les responsabilités historiques n’ont finalement que peu de poids face à la ruse politique et à la capacité de survie d’une élite vieillissante.
Laurent Gbagbo représente une époque révolue, marquée par la brutalité et l’irresponsabilité. Sa place devrait être celle d’un témoin du passé, non celle d’un acteur du futur. Le pays a besoin d’une rupture forte avec cette génération qui a montré ses limites et conduit la Côte d’Ivoire au bord de l’effondrement.
La véritable urgence est ailleurs : inventer une Côte d’Ivoire nouvelle, capable de dépasser les figures usées par les querelles anciennes. Persister à voir en Gbagbo une solution, c’est trahir l’espoir d’une jeunesse qui rêve de démocratie, de paix durable et de modernité. Le pays doit résolument avancer, pas ressasser ses vieux démons.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Claudine Basse.
Mis en ligne : 30/04/2025
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